Crachons dans leurs gueules plutôt que dans leurs fiches

En juin 2017, la CEDH (Cour Européenne des Droits de l’Homme) a condamné la France à cause, entre autres, de la durée de conversation des profils ADN enregistrés dans le FNAEG (Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques). En effet, aujourd’hui, si t’es jugé-e coupable du vol d’un figolu, c’est pareil que pour un mec qui a violé son gosse, ta fiche est conservée 40 ans, avec l’impossibilité de demander l’effacement de celle-ci.

Le FNAEG contient également l’ADN des personnes soupçonnées, et/ou mises en cause comme ils disent. Leur fameux « s’il existe des indices graves ou concordants » (+ flou tu meurs) qui est écrit dans la loi (1), c’est ça qui permet d’alimenter leur putain de fichier. Aujourd’hui, il y aurait 2,9 millions de « profils génétiques » enregistrés selon la CNIL – on est sceptique car y’en avait 3 millions en 2015… ??? Bref, on rappelle qu’il y a à peine 500 000 fiches de personnes définitivement condamnées, donc la proportion de personnes fichées pour rien est ahurissante – mais tellement compréhensible : sans fichage à grande échelle, un fichier de ce style ne sert tout bonnement à rien (bah oui, on peut pas retrouver le méchant voleur sinon !). Si t’es mis en cause dans une affaire, ta fiche est gardée « que » 25 ans, c’est le cas également si t’as eu une relaxe, un acquittement, un classement sans suite (rappel à la loi par exemple…). L’effacement de ta fiche FNAEG peut-être demandé si tu rentres dans une de ces catégories.

  • Depuis juin 2017, on obtient au taquet de relaxes dans des procès pour refus de prélèvement ADN en grande partie grâce à l’arrêt de la CEDH cité plus haut, et ça tue ! Des milliers d’euros et des mois de sursis (voir de ferme) en moins. D’ailleurs si t’as un procès en cours ou un-e pote à toi, on a quelques décisions de justice et différents goodies qui peuvent t’aider pour monter ta défense ici sur ce site.

Mais bon, tout ça va changer un tout petit peu.

L’arrêt de la CEDH a « forcé » l’Etat français à modifier sa loi. Entre guillemets, parce que les arrêts de la CEDH ne sont que « déclaratoires », mais ça le fait moyen de pas suivre ses recommandations, surtout pour la France, pays des droits de l’Homme, hébergeur de la CEDH tout ça tout ça (c’est une blague bien sûr, la France se fait régulièrement condamner pour violation du droit des étrangers, mais tout le monde s’en fout).

Lorsque la loi de programmation et de réforme de la justice 2018-2022 entrera en vigueur (elle vient d’être validée en 2eme lecture à l’assemblée, il faut donc attendre le décret d’application qui arrivera dans les semaines qui viennent), une personne condamnée pour un délit ou un crime qui lui a valu une fiche au FNAEG pourra donc demander son effacement ! Miracle ! Non pas trop quand même hein doucement. Il faudra que tu demandes au procureur son effacement. Qui prendra certainement un malin plaisir à te le refuser. A partir de là il faudra patienter un « délai fixé » (qui sera apparemment proportionné au délit commis d’après ce qu’il se dit) avant de faire un recours – il faudra attendre le décret d’application pour en savoir plus.

Et oui, ce petit truc « cassera » l’arrêt de la CEDH, basé sur la durée de conservation trop (beaucoup trop) longue et sur l’impossibilité d’effacer sa fiche. Donc on risque d’avoir une recrudescence des poursuites pour refus de prélèvement ADN. Wouai parce que les procureurs poursuivaient quand même un peu moins (plusieurs notes internes ou consignes ont été données par le pouvoir du style : calmez-vous sur les poursuites, on va se les faire une fois qu’il y aura la nouvelle loi). Même si les poursuites ne sont systématiques après un refus de prélèvement ADN ou même signalétique, avec ce genre de « modification », le parquet pourrait avoir plus de légitimé à le faire.


Les député-es avaient également essayé de faire passer deux amendements en scred comme le fait de ficher par extension frère, sœur, parents, oncle, cousin germain, demi-beau-père… et celui de collecter de l’ADN codant (qui permet de savoir tout sur toi en gros : origine géographique, couleur de peau… y’a moyen de modéliser ta tête avec ces données). On vous en parlé ici dans un article alarmiste assez technique (2). Face à la « fronde » de quelques député-es, de quelques médias (pcInpact notamment), de la CNIL (lol on rigole, mais merci quand même pour vos avis inutiles), ils-elles ont reculé et tout ça a été gardé pour plus tard effacé.


Concernant les personnes soupçonnées maintenant.

Le 15 janvier 2019, la cour de cassation (y’a pas plus haut niveau justice en France) a récemment rendu un arrêt qui « casse et annule » (3) une décision de la cour d’appel de Rennes (datant du 8 novembre 2017 – on est preneur d’info si vous connaissez le camarade). Celle-ci avait relaxé des faits de refus de prélèvement ADN avec comme argument principal la jurisprudence de la CEDH.

Tenez-vous bien. La cour de cassation considère que le refus de prélèvement biologique a été fait avant la condamnation et donc le monsieur aurait pu demander son effacement, comme expliqué plus haut, BAH OUI évidemment :

« Elle a en effet jugé que le refus de prélèvement a été opposé par une personne qui n’était pas condamnée, mais à l’encontre de laquelle il existait des indices graves ou concordants rendant vraisemblable qu’elle ait commis l’une des infractions mentionnées à l’article 706-55, de sorte qu’elle bénéficiait alors « la possibilité concrète », en cas d’enregistrement de son empreinte génétique au fichier, d’en demander l’effacement. »

Petite anecdote au passage : dans le cerfa n°12411*02 qui permet de demander l’effacement de sa fiche FNAEG, il est écrit : « Cette demande ne peut être présentée tant que l’affaire vous concernant est en cours. ».  Du coup, la cour de cassation ignore totalement l’arrêt de la CEDH et considère qu’il y a eu respect de la vie privée et renvoie l’affaire en cour d’appel d’Angers (la cour de cassation ne juge pas, mais regarde si la loi a bien été appliquée en gros). Mais pardon ? Oui oui les juges lisent bien à l’envers. Bah oui mais tu comprends, si t’es sûr que t’as rien fait, laisse toi ficher, puis tu demanderas ton effacement après. Ils-elles n’ont toujours pas compris qu’on était contre le fichage TOUT DE SUITE TOUT LE TEMPS. Ils-elles n’ont pas compris qu’on ne veut pas cracher – à part dans leurs sales gueules. Mais bon, la décision de la cour de cassation ne semble pas tenir la route (même le site de Dalloz parle de décision « déconcertante »), l’affaire du camarade mérite d’être défendue et soutenue afin de pas laisser passer ce genre de jurisprudence de mort (en effet, la cour d’appel n’est pas obligée de suivre l’arrêt, même si c’est chaud pour un juge de contré les juges de la cour de cassation). Surtout que le tribunal d’Angers vient de rendre une grosse décision de relaxe dans un procès de faucheurs volontaires d’OGM.

La nouvelle loi modifie à peine le sort des fiches des mis-es en causes, relaxé-es et des soupçonné-es : ça sera le proc qui va effacer lui-même ta fiche FNAEG (on y croit ahah) ou ça sera à toi de lui demander, et s’il ne veut pas, il faudra faire un recours devant le président de la chambre de l’instruction. Et s’il ne veut pas ? Ce n’est pas écrit ça par contre, l’article de loi s’arrête là. Suspense.

En vrai, la cour de cassation se rapproche de la nouvelle loi et offre une belle jurisprudence pour contrer toute demande de relaxe sur un refus de prélèvement biologique. La décision sera certainement utilisée contre les personnes condamnées, car ces dernières auront également le droit de faire effacer leur fiche… Vous voyez le cheminement ?


Tout est beau et simple dans leur monde.

Le mouvement insurrectionnel qui remplit les geôles des comicos depuis deux mois remplit également le FNAEG par centaines tous les samedis. On va avoir très rapidement peu de moyens juridiques de résister face à des procès pour refus de prélèvement biologique, c’est pourquoi il est important d’être les plus nombreu-ses possible à le refuser aujourd’hui et demain, à diffuser la pratique hors de nos milieux et à s’organiser en cas de procès.

Car on le sait, avant la jurisprudence de la CEDH de 2017, les seules personnes qui été relaxées dans ce genre d’affaire étaient surtout des faucheurs d’OGM, des blanc-hes, des personnes défendues par des super avocat-es, des personnes avec beaucoup de soutien derrière. Même si tout ça va souvent ensemble, l’inverse est plus craignos, les personnes seules, pauvres, racisées, avec un casier judiciaire sont plus souvent dans la merde, d’où l’intérêt de mener cette lutte au quotidien, d’apporter des réponses et du soutien.


Des rapports à l’assemblée nationale qui préconisent les interconnexions entre fichiers (qui sont interdites pour la plupart), la nouvelle fiche du FPR (Fichiers des Personnes Recherchées) Interdiction de Manifester qui est en discussion, le lobby des flics qui tourne à plein régime… L’Etat s’organise, il avance petit à petit, mais surement, il place ses pions, et accentue sa surveillance, sa répression, son fichage, comme il a toujours fait. Il a des armes pour faire tout ça, il ne va pas s’en priver.

A nous de le désarmer.

 

L’équipe de resistancefichageadn.noblogs.org

PS : On est preneur de toute info, de précisions, d’analyses, de demande de soutien, de toutes décisions de justice, de noms d’avocat-es, histoire de faire partager à tout le monde ! Le mail c’est celui-là : resistancefichageadn@autistici.org

Quelques articles sur l’application de messagerie cryptée « Signal »

— Love Signal, mais évitez de faire transiter vos infos via un pc. 

1 MARS 2017

Rédigé par Thomas LEGER

Les messageries instantanées cryptées sont de plus en plus utilisées. Néanmoins, elles ne sont pas infaillibles comme l’a montré le piratage de Telegram. Passage en revue de ces nouvelles plateformes de communication pour savoir lesquelles choisir.

Atlantico : Parmi toutes les messageries instantanées cryptées, lesquelles sont les plus sûres ? 

Thomas Léger : Personnellement, ma préférence sur smartphone va vers la messagerie Signal développée par Open Whisper Systems. Elle est sans doute la meilleure application disponible gratuitement et en plus, totalement ergonomique. Sans rentrer dans les détails techniques, il s’agit pour le moment de la messagerie la plus sécurisée et la plus fonctionnelle. Elle permet de crypter de manière totale les communications écrites, mais aussi vocales. Cette application disponible sur IOS et Android est recommandée par l’Electronic Frontier Fondation (EFF), mais aussi par Édouard Snowden en personne qui encourage vivement les sociétés à vulgariser l’accès au cryptage des communications.

C’est chose faite puisque Signal crypte et décrypte les communications avec votre smartphone et vous offre en plus la possibilité de vérifier en temps réel que votre conversation téléphonique n’est pas déviée. À cela s’ajoute un atout réellement appréciable et qui contribue à son succès, l’ergonomie ! Il y a encore peu, établir une communication sécurisée était un réel défi technique accessible à une minorité. Avec les nouvelles applications dont Signal, ce n’est plus le cas. La configuration est quasiment inexistante et transparente, ce qui ne lui enlève pas pour autant un haut niveau de sécurité. Quant à la prise en main, elle est simple et intuitive. On peut partager des fichiers de type image et vidéo, etc., et créer des groupes et appels cryptés de qualité. Il est désormais simple de faire usage des messageries sécurisées et dans ce sens je recommande Signal. Il est impératif de ne pas faire usage de n’importe quelle messagerie pour votre usage professionnel, les communications sont devenues un maillon faible des sociétés et rappelons rapidement que nous évoluons dans un environnement qui est économiquement en guerre permanente. Pour exemple rapide, il n’est pas rare que des sociétés fassent appel à des cybercriminels pour hacker une entité concurrente, interception de ses communications comprise, et ce à des fins stratégiques de guerre économique. Même si cette pratique semble encore être de la science-fiction dans les mentalités dirigeantes françaises, il n’en est rien dans le reste du monde et les entreprises nationales en font quotidiennement les frais.

En complément je recommande tout simplement la messagerie Facebook qui offre depuis peu le cryptage de « bout en bout » grâce à la fonction conversation secrète. Son fonctionnement repose sur le système de l’application Signal. Couplé à un compte bien protégé cela devient sécurisant en plus d’être confortable à utiliser. Idéal pour les conversations avec le cercle familial et amical, il ne faut pas perdre pour autant de vue que les informations transitent par les serveurs du géant. Bien que la firme admette ne pas avoir accès aux messageries cryptées, il est tout simplement prudent d’éviter d’aborder des sujets sensibles. Cette fonction prend tout son intérêt seulement si votre compte Facebook est correctement sécurisé avec un mot de passe solide et la majorité des options de sécurisation mises en place. De plus, Facebook est un grand groupe qui laisse sous-entendre une mise à jour permanente de ses Datacenters et de ses applications, rendant son réseau peu vulnérable à des attaques malveillantes.

Lesquelles sont les moins sûres ? 

C’est une question difficile et qui doit être contextualisée. L’usage et le lieu par exemple jouent un rôle important. Une réflexion sur votre besoin s’impose avant le début d’une communication. Pour ma part je déconseille l’application WhatsApp (propriété de Facebook) et Telegram à mon environnement. La première est relativement poreuse, elle a certes fait des efforts importants en matière de cryptage, mais il a été prouvé malgré tout qu’il est toujours possible de contourner les sécurités et donc d’accéder en direct à votre contenu et même d’émettre en votre nom. Ce type de faille peut conduire à de nombreuses actions malveillantes. C’est donc une application à bannir pour des échanges professionnels. Pour la seconde, Telegram, application certes moins populaire que WhatsApp et pourtant bien plus sécurisée, le problème est différent. C’est une messagerie sûre qui n’a connu que peu de piratages et d’interceptions malveillantes, son fonctionnement est agréable et intuitif au même titre que Signal. Mais le bémol réside dans la mauvaise publicité dont elle a été victime suite à son usage régulier par les terroristes de Daech. Il est donc désormais certain que les communications transitant par Telegram sont sous surveillance par les différents services étatiques. Cela ne pose aucun souci pour un usage autre que professionnel. Mais dans un tel cas attention de ne pas livrer sur un plateau d’argent votre toute dernière innovation ou la stratégie de votre société à un organisme étatique étranger en charge de la veille économique.

Pour simplifier, dans le cadre d’un usage de communication non sensible, ne portez votre choix que sur Signal, Facebook Messenger (en crypté), Whastsapp et Telegram. Il en existe d’autres, mais la question de leur légitimité se pose, en plus de leur popularité. Rien ne sert d’avoir une messagerie hautement sécurisée pour communiquer avec soi-même.

Sont à bannir Snapchat et les messageries du même type qui sont très mal sécurisées. Mais aussi les applications gracieusement préinstallées par le fabricant de votre smartphone Android ou IOS. Celles-ci peuvent contenir des fonctionnalités secrètes en vue de récupérer vos informations, dont votre historique de messagerie, et ce à des fins commerciales ou de sécurité étatique. J’insiste sur le sentiment de sécurité qu’offrent les produits Apple, et le récent débat autour de l’enquête du FBI qui n’arrivait pas à déverrouiller un iPhone. Ne vous y méprenez pas. Apple est soumis aux différentes lois de surveillance aux États-Unis et le contenu de ses Clouds et messageries, et au même titre qu’Android, est lisible pour les services américains.

Les niveaux de sécurité sont-ils les mêmes ou bien diffèrent-ils en fonction du profil de l’utilisateur, qu’il soit un diplomate ou un particulier par exemple ? 

C’est une question délicate. La vie privée d’un particulier a-t-elle moins de valeur que celle d’un politique ou d’un chef d’entreprise ?

Je ne pense pas. À terme chacun doit prendre conscience que sécuriser sa vie numérique c’est aussi sécuriser sa vie tout court, et par extension, sa vie professionnelle. Mais il y a dans ce sens un très gros travail de prise de conscience à effectuer et les habitudes ont la vie dure.

Mais concrètement, toute personne travaillant en lien avec des informations d’ordre économique et de manière plus générale professionnel ou politique est responsable de la sécurisation de ses communications. Elles doivent être conscientes qu’un mauvais choix de messagerie peut un jour leur porter préjudice et conduire à des actes de guerres économiques, des piratages simples ou massifs de leurs sociétés ou de leurs fonctions. Il est courant de voir des chefs d’entreprises ou toute autre personne ayant accès à des données stratégiques pour X ou Y société, mais aussi des politiques, utiliser de manière quotidienne les applications et cloud constructeurs notamment IOS, qui certes sont très pratiques, mais aussi totalement centralisés. C’est une prise de risque indéniable. Par où transitent mes données ? Où sont-elles hébergées ? En France, en Europe, ailleurs ? Quelles sont les lois relatives aux données dans le pays par lequel elles transitent ?

Individuellement parlant nous pourrions dire qu’il faudrait avoir la même approche. Toutefois on autorisera plus facilement des messageries moins sécurisées comme WhatsApp ou Facebook Messenger. Mais, une fois de plus, il ne faut pas révéler trop d’informations personnelles et partir du principe que celles-ci peuvent être collectées de manière malveillante ou commerciale. L’essentiel quand on ne maitrise pas la sécurité numérique est de cloisonner au maximum et simplement de ne pas envoyer des informations dans le cyberespace que nous ne sommes pas prêts à perdre.

Et pour les applications vidéos (Skype, Facetime…), la sécurité est-elle garantie ? 

Skype est une messagerie extrêmement répandue et grand nombre de sociétés en font usage de manière intensive, souvent pour des raisons pratiques, mais aussi pour des raisons économiques en supprimant tout simplement l’usage de la téléphonie fixe en interne. Le point intéressant est que Skype affirme faire usage d’un chiffrement, avec un cryptage des communications écrites, téléphoniques, mais aussi vidéos. Mais ce chiffrage comporte des failles possibles lors du cheminement de l’information, et des interceptions sont possibles. Dans ce sens Skype a même été accusé à plusieurs reprises de collaboration avec des services de sécurité, à l’égal de Facebook. Vos informations transitent par des serveurs Microsoft et vous en perdez le contrôle. Une fois de plus, prudence sur la confidentialité du contenu lors de vos conversations au même titre que lors d’un usage privé. La sécurisation du compte est primordiale, un mot de passe solide sera quasiment votre seul rempart face à des actes malveillants, le logiciel n’offrant que peu d’options de sécurité et de transparence dans l’usage et la sauvegarde ou non de vos données, le tout dans un contexte criminel où les offres de piratages de comptes Skype sont légions sur le marché noir.

Pour Facetime, Apple avance un chiffrement de bout en bout, ce qui est une bonne chose pour la protection des appels vocaux et vidéos. Mais en contrepartie la firme est quasiment opaque sur son fonctionnement et elle est victime de faille de procédure notamment avec iCloud qui est accusé de sauvegarder à votre insu et de manière non cryptée vos conversations. Bien qu’Apple laisse sous-entendre qu’elle ne peut pas lire vos conversations cryptées, et que la sécurité et la vie privée de ses utilisateurs sont primordiales, il est important de se demander une fois de plus où sont hébergées vos données et sous quelle obligation légale elles sont soumises.

Je pense qu’il est encore un peu tôt pour affirmer que les communications vidéo sont sécurisées. Nous sommes seulement dans la phase de déploiement des messageries écrites cryptées et d’un point de vue technique je reste pour l’instant prudent sur le chiffrement d’une vidéo de bout en bout. Les trois leaders de la conversation vidéo, Facebook, Skype (Microsoft) et Facetime (Apple) sont des géants du numérique et il me semble utopiste de croire qu’ils sont indépendants de toute collaboration avec les services étatiques ou encore d’objectifs commerciaux.

Nous n’avons parlé ici que de quelques solutions disponibles sur smartphone, mais il en existe d’autres pour Windows, Linux, etc. qui peuvent être gratuites ou payantes. Une étude en fonction de vos besoins vous aidera à faire le choix adéquat. Pour rappel, n’oubliez pas que tôt ou tard vous serez victime d’un piratage malveillant, particulièrement pour une société, ou d’une surveillance étatique à titre individuel. Le choix de vos moyens de communication aura une influence dans votre résistance numérique à ces actes. Il pourra en résulter une défense solide de votre vie privée ou de votre société ou au contraire une porte grande ouverte pour vos détracteurs. Il faudra alors rattraper les dommages financiers, mais aussi l’impact négatif sur votre réputation. Cela mérite réflexion personnelle ou organisationnelle pour minimiser les risques et pouvoir continuer à profiter pleinement du Cyber et de ses avantages.

— Ca vient d’Atlantico, mais le lien est plus dispo.

 

Signal stocke les messages en clair sur votre ordinateur : faut-il s’inquiéter ? – NUMERAMA – Julien Lausson 22 Octobre 2018

Une polémique est apparue en octobre sur la manière dont Signal gère certaines données localement : celles-ci ne bénéficieraient pas d’une protection appropriée quand elles sont utilisées via la version de bureau.

C’est une controverse lancée par Matt Suiche, un informaticien qui se présente comme un « hackeur » : y a-t-il une faiblesse dans la façon dont Signal stocke localement les contenus échangés via la célèbre application de messagerie sécurisée ? C’est ce que craint l’intéressé. Sur Twitter, il tire la sonnette d’alarme ce lundi 22 octobre sur la procédure de mise à jour du logiciel, qu’il juge très mal pensée pour protéger les données.

« Si vous mettez à jour Signal Desktop [la version de Signal pour Windows, Mac et Linux, ndlr], cela enregistre tous vos messages en texte clair (messages.json) + les pièces jointes localement pour que vous puissiez les réimporter dans la nouvelle version », s’étonne-t-il. Il joint deux captures d’écran dans lesquelles ont peut voir ce fichier JSON ainsi qu’un extrait d’un message envoyé à un correspondant.

Cette découverte l’a tellement chamboulé qu’il a ouvert un signalement de bug sur GitHub pour alerter sur le fait que ces données ne sont pas chiffrées sur le disque dur pendant et après le processus de mise à jour. Ce qui est, à ses yeux, totalement anormal pour un outil comme Signal, dont la mission est justement d’assurer la confidentialité, la sécurité, mais aussi l’intégrité des contenus échangés.

Car cette affaire tranche à ses yeux avec la réputation de Signal, une application de messagerie instantanée recommandée par le lanceur d’alerte Edward Snowden lui-même pour sécuriser ses conversations. Elle est développée par Open Whisper Systems, une organisation fondée par l’activiste Moxie Marlinspike, un expert en cryptographie. Son protocole open source est si bon que même WhatsApp s’en sert.

whatsapp
WhatsApp // Source : Webster2703

Plus précisément, Signal fournit du chiffrement de bout en bout : cela consiste à faire en sorte que seuls les membres d’une discussion soient capables de lire les messages échangés. Avec cette protection, appelée E2EE, ni le FAI ni le fournisseur du service (ici Open Whispers System) ne peuvent afficher les conversations et, donc, de satisfaire les requêtes judiciaires ou administratives de déchiffrement.

Pour Matt Suiche, qui a fait ce constat sur macOS, il faudrait que les données soient chiffrées pendant le processus et éventuellement supprimées convenablement des dossiers où elles ne sont pas requises. Cependant, son inquiétude manifeste n’est pas unanimement partagée. Plusieurs autres informaticiens et spécialités de la sécurité ont réagi en nuançant son propos.

POLÉMIQUE SUR LA POLÉMIQUE

« Signal n’a pas vocation à protéger contre l’accès au système de fichiers », observepar exemple Keith McCammon, le chef de la sécurité d’une entreprise informatique. Il admet que « ça serait bien » quand même, si ce type de problématique « était apparent aux yeux de tous ». D’autres considèrent que Signal n’est qu’un maillon d’une chaîne de sécurité, et non pas tous les maillons.

« Qu’attendez-vous ? Si quelqu’un avait accès à votre disque dur, la partie est déjà finie. Il n’y a pas de chiffrement magique que Signal pourrait utiliser pour vous protéger. Vous devez activer le chiffrement complet du disque dans votre système d’exploitation. Ou désactivez l’enregistrement des messages si vous ne voulez pas que les journaux soient stockés », écrit Kenton Varda, un autre expert.

Une utilisation de VeraCrypt.

Il existe en effet des outils dédiés pour chiffrer localement un disque dur, de manière à le protéger même si certains processus qui ont lieu dessus impliquent des données en clair. L’un des logiciels les plus connus en la matière est VeraCrypt, qui fonctionne aussi bien sur Windows, macOS et Linux (dans ce cas de figure, si le disque n’est pas chiffré, même si les fichiers Signal le sont, il suffirait de récupérer la clé locale pour récupérer tous les messages, en principe).

Dans le cas d’iOS et d’Android, les versions récentes incluent par défaut le chiffrement de l’espace de stockage.

Même son de cloche pour Hector Martin, un consultant en sécurité informatique : « il n’y a pas d’algorithme magique de chiffrement  qui protégera vos messages de telle manière que n’importe quelle nouvelle version de Signal puisse y accéder, mais qu’aucun autre logiciel ou utilisateur ne puisse y accéder (sur un bureau). Si vous avez un accès local, la partie est terminée ».

Signal en version application de bureau.

Il ajoute, citant le cas Android, que la situation est différente pour cette plateforme « car toutes les applications ont accès au stockage externe, mais le stockage par application est isolé. C’est pourquoi Signal sur Android chiffre ses sauvegardes, car elles deviennent accessibles à d’autres applications, alors que le stockage de données des applications actives ne l’est pas ».

Les sauvegardes, proposées sur Android et iOS, concernent aussi bien les messages que les images, les fichiers et tout autre contenu échangé via le logiciel. Elles permettent par exemple de déplacer des conversations d’un terminal à l’autre.

Face à cette polémique, Open Whisper Systems n’a pas encore officiellement réagi : le rôle premier de Signal est de chiffrer les communications d’un terminal à l’autre. L’application doit-elle faire davantage, en sécurisant mieux ce qui est stocké localement, afin d’éviter par exemple que d’autres applications soient en mesure de lire dans le dossier ?

C’est ce que pense un autre intervenant : chiffrer pendant le voyage du message, c’est bien ; renforcer la sécurité au départ à l’arrivée, c’est encore mieux.

DE LA QUESTION DU RISQUE ET DE LA MENACE

« Le secteur de la messagerie instantanée sécurisée en général a beaucoup investi dans la sécurité des données en transit, mais pas autant [quand elles sont sur place]. Avec pour argument principal : s’ils accèdent à votre disque dur, la partie est finie. Je ne suis pas du tout d’accord avec cet argument. Si c’était vrai, pourquoi s’embêter à chiffrer les mots de passe localement  » ?

Derrière cette polémique se pose aussi une autre question : quel doit être exactement le rôle de Signal ? Fournir une protection 100 % sûre et chiffrée, dans tous les cas de figure ? Cela ne peut sans doute s’envisager qu’en renonçant à certaines fonctionnalités qui ont par ailleurs leur intérêt (ce problème a été illustré avec Google Allo, qui a renoncé au chiffrement de bout en bout par défaut).

signal-profil

Ou bien est-ce simplement de fournir une solution efficace contre la surveillance de masse générique et non pas une protection efficace tous les cas de figure, comme une action ciblée sur un usager (qui impliquerait, le cas échéant, une perquisition du domicile et la saisie du matériel informatique, et donc du disque dur) ?

Tout dépend sans doute du modèle de menace qui est en tête.

Contre la surveillance de masse, qui se déploie de manière indiscriminée et tous azimuts, Signal offre une protection effective. Contre des attaques individuellement ciblées qui proviennent d’adversaires puissants et prêts à déployer des efforts significatifs pour compromettre la sécurité d’une personne isolée, la menace est d’une autre nature. Mais dans ce cas, son évaluation du modèle de risque implique vraisemblablement des mesures très spécifiques, qui ne concernent pas le commun

À lire sur Numerama : Signal stocke les messages en clair sur votre ordinateur : faut-il s’inquiéter ?

Arrêt CEDH – Privation de liberté temporaire validé

Une brèche semble être ouverte à du futur gros n’importe quoi sous couvert de la CEDH… La cour européenne valide tout simplement une espèce de détention provisoire hors tout cadre judiciaire… (22/10/2018)

C’est marrant qu’un jour après cet arrêt, les sénateurs Les Républicains (la clique à wauquiez, machin et compagnie) propose une nouvelle loi qui pourrait donner pouvoir au préfet d’interdire de manifestation sans passer par la case justice…

Déjà qu’on savait que la justice était pas de notre côté, mais si ils font tout pour s’en passer, on va pas y arriver 🙂

La décision ici (bon courage pour la lire!) :

https://fr.scribd.com/document/391432140/Affaire-s-V-Et-a-c-Danemark

Core in Fronte apporte son soutien à Maxime Susini – ALTA FREQUENZA

— Acharnement judiciaire contre les militant-es corses… on espère que y’a pas eu de mandat de dépôt pour cette connerie d’ADN ! Courage à lui et à ses proches

Core in Fronte apporte son soutien à Maxime Susini condamné à deux mois de prison ferme pour un refus de prélèvement ADN

Publié le 24/09/2018, 20h11

(Frédéric Bertocchini – Alta Frequenza) – Dans un communiqué publié sur sa page facebook, le mouvement politique nationaliste Core in Fronte apporte son soutien à Maxime Susini, condamné à deux mois de prison ferme et 1 500€ d’amende avec sursis, pour un refus de prélèvement ADN, et ce suite à une condamnation en début d’année 2017. Pour Core In Fronte « il s’agit, une nouvelle fois, d’un zèle de pouvoir judiciaire qui vise à « casser » un militant exemplaire ». « La prise abusive de l’ADN est une atteinte aux droits de l’homme, qui ouvre la voie à l’arbitraire et au délit d’opinion. Cela résulte de la seule volonté de ficher politiquement des militants nationalistes » indique pour conclure le communiqué de Core in Fronte.

Photo : Core in Fronte.

http://www.alta-frequenza.corsica/l_info/l_actu/core_in_fronte_apporte_son_soutien_a_maxime_susini_condamne_a_deux_mois_de_prison_ferme_pour_un_refus_de_prelevement_adn_96969

Jurisprudences en ligne

Salut, on a rajouté quelques décisions de justices depuis juillet 2017 qui démonte en pièces le délit de refus de prélèvement ADN.

Si vous avez un procès qui arrive, parlez de ça à votre avocat – ou à vous même 🙂 , et on peut vous filez les décisions propres et en PDF.

Nouvel outil contre le fichage ADN

Les dernières brochures sur le fichage ADN datent de presque 10 ans. En juin 2018, on se désolera du vingtième anniversaire du fameux FNAEG, le fichier des empreintes génétiques, dit ADN. Alors tout ça méritait bien un petit dépoussièrage non?

Alors, wouai, sur le fond, rien n’a changé hein. A part le fait que le fichage se généralise à une vitesse de ouf. Et que tout ce fichage se banalise, devient la « norme ».

On présentera les deux fichiers empreintes et on fera un historique de leur évolution. Mais ici, l’important c’est de se concentrer sur le déroulement d’un prélèvement ADN et surtout diffuser la pratique du refus. Après oui c’est clair, il faut diffuser, mais pour l’appliquer réellement c’est autre chose. Alors on va essayer de donners des réponses, des conseils juridiques (car la question a évolué de ce côté là), et du soutien, notamment à travers un blog et un mail dédié.

On va pas chercher à être trop barbant, ni trop précis, y’a tout un tas de brochures plus complètes et mieux écrites qui sont dispos un peu partout sur internet. Ici on va s’attacher à faire court et pratique ! Le site suivra un peu les évolutions et sera actualisé le plus fréquemment possible. Nous ne sommes pas des expert(e)s sur la question, juste des militant(e)s frappé(e)s par de nombreuses procédures judiciaires sur ce sujet là, et on s’est rendu compte dans nos recherches qu’il manquait des infos pratiques et récentes. D’où l’idée de lancer ce truc ! A nous, à vous d’alimenter tout ça afin d’aider au mieux les futur-es condamné-es !