Montpellier : la pickpocket de 14 ans récidive en sortant de garde à vue – Metropolitain

Toi aussi joue là comme la petite : refuse le prélèvement ADN !


Une mineure bosniaque âgée de 14 ans a été interpellée à deux reprises en l’espace de quelques heures pour des vols à la tire sur des usagers du tramway de Montpellier.

Jeudi, les agents de la Ville de Montpellier en fonction au Centre de supervision urbaine -CSU- ont remarqué sur les caméras de vidéosurveillance le manège suspect d’une adolescente, qui quittait une rame du tramway à la station de la rue Maguelone et qui se dirigeait à pied vers une agence bancaire proche.

300€ retirés à un DAB

Alerté, le centre d’information et de commandement -CIC- du commissariat central dépêchait une patrouille de policiers de la brigade anticriminalité -BAC- qui procédait à l’interpellation de l’intéressée. Elle venait d’utiliser une carte bancaire volée à un passager du tramway et retirer 300€ à un distributeur automatique de billets, DAB.

En garde à vue, elle a reconnu avoir subtilisé « en douceur » la carte bleue à un usager du tramway, qui avait payé son ticket de transport à un automate de la TaM 3M et dont elle avait réussi discrètement à relever le code secret. La victime ne s’était pas encore aperçue du vol de sa carte bleue, quand la jeune pickpocket a été repérée et arrêtée.

Elle refuse toutes les expertises

Après son audition à la sûreté départementale de l’Hérault, l’adolescente a été remise en liberté. Moins d’une heure après avoir quitté l’hôtel de police, la pickpocket retournait à la station de tram de la rue Maguelone, près de la gare SNCF Saint-Roch, où les agents du CSU de la Ville de Montpellier avaient leur attention attirée par le même manège suspect.

Des policiers de la Sécurité publique de la BAC se rendaient de nouveau sur place et surprenait l’adolescente en possession de 300€ retirés à un DAB avec une carte bancaire « soulagée » à un passager du tramway…

En garde à vue, elle a refusé toutes les expertises, notamment l’examen salivaire pour réaliser un ADN et les tests osseux pour déterminer son âge et pour confirmer que cette ressortissante bosniaque est bien âgée de 14 ans, refusant par ailleurs de donner l’adresse exacte où elle est hébergée, probablement dans un campement de Montpellier.

Elle a été déférée au parquet des mineurs.

https://e-metropolitain.fr/2019/03/17/montpellier-pickpocket-de-14-ans-recidive-sortant-de-garde-a-vue/

Police les nouveaux secrets de l’ADN – La Depeche

— Article de la dêpeche de toulouse qui nous apporte quelques infos : 

  • La moitié des prélèvements français, du Havre à Bayonne, de Bordeaux à bientôt Marseille sont traités à Toulouse.

OK c’est bon à savoir.

  • «Il a été très critiqué. Il ne l’est plus aujourd’hui parce qu’il a démontré son utilité», estime Dominque Deharo.

Mais bien sûr, la lutte contre la loi sur le FNAEG dure depuis qu’il existe, encore dernièrement même la sphère politique s’est mobilisé contre sa modification au parlement.

  • Ici, tous les ADN des personnels sont recensés dans un fichier pour être discriminés.

Euh… en gros, un flic peut pas être suspect ??? C’est beau l’entraide entre collègue.

  • Ils vérifient notamment le niveau d’hygrométrie – l’humidité étant l’ennemi juré de l’ADN -, la qualité des sondes, le niveau de traçabilité et la bonne exécution des protocoles. Il faut par ailleurs savoir que le site est sous surveillance jour et nuit. Si par exemple, un frigo tombait en panne en pleine nuit, l’astreinte de nuit serait aussitôt avisée.

Par exemple sir un frigo tombait en panne… Ok ok… 🙂

  • Et donc, judiciaire. Désormais, il est possible de déterminer les caractéristiques morphologiques d’un inconnu à partir d’une trace biologique. Un «portrait-robot génétique» développé par le laboratoire de l’INPS de Lyon au service de toute la France.

Donc en gros. Le parlement rejette à l’assemblée nationale là possibilité de conserver de l’ADN codant (c’est lui qui permet de tirer ce portrait robot), mais par contre l’INPS peut l’analyser et nous tirer le portrait grâce aux traces trouvés sur les lieux d’un délit / crimes. On en apprend tout les jours. C’est carrément incroyable.

  • Savoir à quand remonte une trace génétique et surtout, à quoi ressemble le suspect : tous les officiers de police judiciaire en rêvent. «Encore 5 à 10 ans à patienter, estime Dominique Deharo. C’est toute la planète ADN qui travaille dessus : cela va aller vite.»

On a compris Dominique tu veux tous nous mettre en prison et nous fiché-es.

  • L’an dernier, 35 110 personnes ont été confondues.

Le FNAEG fait bien son boulot à ce qu’on voit. Faites attention à vous les potos !


Le laboratoire de police scientifique de Toulouse traite des milliers de recherche d’ADN chaque mois. Un travail désormais indispensable pour les policiers, les gendarmes et les juges.

Au fond du commissariat central de Toulouse, un bâtiment aux entrées surveillées. On y pénètre en «offrant» son ADN avant de se draper de blouse, bonnette et masque. «Un simple postillon et des centaines de cellules portant votre ADN vont polluer notre travail», justifie Dominique Deharo, directeur adjoint, masque sur le nez.

Dans une salle hermétique à l’atmosphère confinée, un homme travaille. Il a compilé des buvards de la taille d’un tee-shirt. Ce vêtement, une jeune femme le portait quand elle a été violée. Placée sous scellé, la pièce à conviction a été remise pour analyse. Le technicien cherche une trace. Après passage par une presse, les papiers sont proposés à des révélateurs chimiques. Une micro-trace apparaît. «Du sperme…», prévient l’homme de laboratoire. Celui du violeur ? «Nos analyses complètent les investigations des policiers ou gendarmes, argumente Dominique Deharo. Contrairement à certaines séries télé, nous ne désignons pas les coupables. Nous cherchons, et analysons des traces. Nous proposons ensuite des profils aux enquêteurs. À eux de déterminer s’il s’agit d’un suspect ou d’un proche.»

En moins de 20 ans, l’ADN est devenu incontournable dans tous les dossiers. Les crimes de sang, l’identification d’un cadavre victime d’un attentat ou d’une catastrophe mais également ce que les personnels de l’INPS, l’institut national de police scientifique dont dépend le laboratoire de Toulouse, désignent comme «la délinquance de masse».

«Chaque mois, nous traitons 2 300 dossiers de cambriolages, vols, dégradations, résume Dominique Deharo. Les spécialistes réalisent les prélèvements sur les lieux de l’infraction. Pour la délinquance quotidienne, nous recevons maximum trois écouvillons par dossier. Ils sont immédiatement analysés.» Un travail à la chaîne, très codifié, dont les résultats disponibles sous 20 jours maximum mobilisent 70 % du temps de travail des biologistes. La moitié des prélèvements français, du Havre à Bayonne, de Bordeaux à bientôt Marseille sont traités à Toulouse. «Pour 2019, nous devrions monter à 3 000 analyses par mois», annonce une des responsables de l’unité.

Le reste concerne les crimes. Il faut alors parfois analyser jusqu’à 100 prélèvements. «D’un travail de masse, nous devenons artisans sur les crimes. Avec une capacité de mobilisation h 24 quand l’enquête le nécessite», préviennent les biologistes. Ils ne risquent pas de manquer d’activité. «Nos capacités à faire parler les ADN ont beaucoup évolué depuis 20 ans, avertissent ces spécialistes. Les progrès sont loin d’être aboutis. Demain, c’est certain, l’ADN nous donnera beaucoup plus d’informations.»


L’ADN promet d’autres surprises

L’ADN s’est glissé dans les enquêtes criminelles au milieu des années 90 quand Guy Georges, tueur en série de l’Est parisien (7 victimes), mobilisait l’énergie des enquêteurs de la brigade criminelle du 36 Quai des Orfèvres. À l’époque, le juge Gilbert Thiel a dû piquer une grosse colère pour que des prélèvements ADN soient comparés et que le tueur soit identifié et vite arrêté. «Avec un fichier de comparaison ADN, nous aurions pu sauver au moins deux jeunes femmes», a affirmé lors du procès un policier de la Crime. En juin 1998, la loi Guigou a créé le fameux FNAEG, le fichier national automatisé des empreintes génétiques. «Il a été très critiqué. Il ne l’est plus aujourd’hui parce qu’il a démontré son utilité», estime Dominque Deharo. L’ADN s’est imposé dans toutes les enquêtes jusqu’à devenir une recherche lambda, comme le relevé des empreintes. «L’exploitation de l’ADN a réellement explosé à partir de 2005», estiment les spécialistes de l’INPS. Aujourd’hui l’ADN permet de relier un suspect à une scène de crime mais, demain il apportera sans doute beaucoup plus d’information aux enquêteurs. Déjà il permet de dresser des portraits-robots (lire page suivante). «Dans moins de 10 ans, pronostiquent les spécialistes de l’INPS on pourra le dater et dire comment il a été déposé».


Repères

Interview Dominique Deharo, Directeur adjoint du laboratoire de police scientifique de Toulouse, appartenant à l’INPS.

«La traçabilité d’un scellé est primordiale»

Quelle est votre mission ?

Effectuer en laboratoire les analyses scientifiques et techniques demandées dans un cadre pénal par des enquêteurs ou des magistrats. Dans le cas d’analyses balistiques – une Division dont est doté Toulouse – ou pour les incendies et explosions, on peut être amené à se déplacer sur le terrain. Sinon tout se passe ici.

Comment cela marche ?

Dans le cas de la flagrance, un officier de police judiciaire, gendarme ou policier national, vient porter son scellé dans un espace dédié avant qu’il parte pour analyses. Sinon, il s’agit d’une ordonnance de commission d’expertise délivrée par un juge lors de l’instruction. Dans les deux cas, dès la réception d’un échantillon, un code-barres lui est conféré. Ce qui nous assure une totale traçabilité : c’est primordial. À tout moment, on sait où se trouve un écouvillon et à quel stade il en est. S’il a été exploité, si les analyses sont en cours, où il est conservé, etc. La force de notre site, c’est aussi la séparation entre le laboratoire de biologie situé dans un bâtiment à part et l’espace de réception des scellés. Les flux entrants et sortants ne se croisent jamais. C’est essentiel pour éviter la pollution.

C’est-à-dire ?

Pour déceler un ADN, on a besoin de 0,7 nanogramme, soit un milliardième de gramme. Un simple postillon ou une pellicule suffit à polluer un échantillon, il faut être extrêmement vigilants. Ici, tous les ADN des personnels sont recensés dans un fichier pour être discriminés.

On imagine volontiers que l’hygiène est une obsession…

Tout est réglementé par des protocoles. Par exemple, entre chaque prélèvement et ce, après s’être désinfecté les mains et avoir endossé les protections, on change de gants. À Toulouse, on bénéficie d’une accréditation Cofrac, un comité national et indépendant, qui réalise chaque année un audit poussé sur la base de normes internationales qui touchent aussi bien la partie d’exploitation biologique que le traitement administratif. Ils vérifient notamment le niveau d’hygrométrie – l’humidité étant l’ennemi juré de l’ADN -, la qualité des sondes, le niveau de traçabilité et la bonne exécution des protocoles. Il faut par ailleurs savoir que le site est sous surveillance jour et nuit. Si par exemple, un frigo tombait en panne en pleine nuit, l’astreinte de nuit serait aussitôt avisée. C’est une très, très grosse machine.


Bientôt un vrai portrait-robot

C’est une petite révolution dans le microcosme scientifique. Et donc, judiciaire. Désormais, il est possible de déterminer les caractéristiques morphologiques d’un inconnu à partir d’une trace biologique. Un «portrait-robot génétique» développé par le laboratoire de l’INPS de Lyon au service de toute la France. Autrement dit, si dans le cas d’un crime ou d’un délit, l’ADN prélevé par les enquêteurs ne «matche» pas avec la base de données du Fichier national des empreintes génétiques (FNAEG), les biologistes de l’Institut national de police scientifique (INPS) peuvent toutefois en dépeindre certains traits physiques. Comme la couleur de la peau, des cheveux ou des yeux. «Ce n’est pas une identification directe : il s’agit d’une méthode prédictive pour orienter l’enquête», prévient Catherine, biologiste à la Division d’identification des personnes du laboratoire de l’INPS de Toulouse.

Un exemple : l’affaire du meurtre de Caroline Dickinson, une collégienne violée et étouffée en 1996. À l’époque, 3 700 profils ADN avaient été prélevés. Aucun n’était celui de Francisco Arce Montes, condamné en 2004. «Mais avec ce type de technique, on peut affiner le profil du suspect en éliminant, par exemple, tous les blonds d’un échantillon de suspects. Cela fonctionne un peu comme le jeu Qui est-ce ? », note Catherine. Avec des taux de prédiction qui «dépassent les 90 %», relève Dominique Deharo, le directeur adjoint de l’antenne toulousaine de l’INPS. Mais le progrès ne s’arrête pas là.

Désormais, il est possible de déterminer si la personne recherchée a des taches de rousseur ou son degré de calvitie. Ou encore, son origine biogéographique. «Mais attention : un suspect peut très bien être porteur de gênes asiatiques, par exemple, sans pour autant qu’ils soient exprimés physiquement», observe la biologiste. «C’est un outil en plus : c’est mieux qu’un portrait-robot physique», analyse Dominique Deharo.

Actuellement, la Recherche s’intéresse de très près à la prédiction de morphologie faciale. Un vrai portrait-robot physique basé sur les caractéristiques issues de l’ADN exploité que la communauté scientifique aimerait par ailleurs pouvoir dater. Savoir à quand remonte une trace génétique et surtout, à quoi ressemble le suspect : tous les officiers de police judiciaire en rêvent. «Encore 5 à 10 ans à patienter, estime Dominique Deharo. C’est toute la planète ADN qui travaille dessus : cela va aller vite.»


Le chiffre : 35 110

Identifications > En 2018. Actuellement, le Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG) recense 3 millions de profils génétiques. L’an dernier, 35 110 personnes ont été confondues.

https://www.ladepeche.fr/2019/03/10/police-les-nouveaux-secrets-de-ladn,8059557.php 

Rassemblement de soutien aux inculpés de la Plaine – MARS-INFO

— Appel à soutien au TGI de Marseille le 14 mars à 8h30 !

Rappel : faites toujours appel suite à une condamnation ADN, y’a plein de jurisprudences en ce moment qui déboîte, hésitez pas à regarder la page « défense juridique » !


Rendez-vous devant le TGI de Marseille les 6 et 14 mars à 8h30, pour soutenir les personnes inculpées dans le cadre de la lutte contre les travaux effectués à la Plaine qui passent au tribunal.

  •  Mise à jour : jeudi dernier à 12h11

    Des peines politiquement motivées

    Le juge Bagur cache peu ses positions anti-plainards. Sur les 3 personnes interpellées le premier jour des travaux qui ont comparu hier, 2 ont écopé de peines plus lourdes que les réquisitions de la procureure.

    • 4 mois de sursis et 140h de TIG pour un jet de bouteille en plastique (réquisition de la proc : seulement du TIG !)
    • 100 jours amendes à 3 euros/jour pour un jet de caillou sur le camion de chantier
    • 3 mois de sursis pour « rébellion » et 600 euros d’amende pour refus d’ADN, plus 800 euros de provision pour les dommages et intérêts au keuf, relaxe sur le chef de violences (la proc avait demandé la relaxe sur le chef de violences, et 2 mois de sursis).

Depuis quelques années à la plaine, la lutte s’organise contre la « requalification de la place Jean Jaurès », projet qui sert cet objectif de la mairie : virer les pauvres du centre ville.

Jeudi 11 octobre 2018, dernier jour de marché, la SOLEAM entame les hostilités, avec comme arsenal un camion-grue encadré par la police, chargé de blocs de béton destinés à cerner la place. Spontanément, des habitants du quartier et des alentours se rassemblent pour bloquer le passage de ce camion augurant la destruction du quartier. En face : matraques, tonfas et lacrimos. 

Cinq personnes sont interpellés, quatre inculpées
. L’une est incarcérée plusieurs semaines en détention provisoire pour violences sur personne dépositaire de l’autorité publique, rébellion, refus de signalétique et de prélèvement ADN, elle écopera finalement la peine de 7 mois de prison avec sursis.

Les 3 autres, placées sous contrôle judiciaire, sont convoquées au tribunal le 6 mars pour jet de projectiles, violence sur agent, refus d’ADN et rébellion.

Le 16 octobre, les arbres sont abattus sous les huées de la foule. La police intervient et interpelle cinq personnes. Trois passeront en comparution immédiate, deux d’entre elles, inculpées pour violences à agent sans ITT sont relaxées. La troisième, inculpée pour violences sur agent ayant entraîné 2 jours d’ITT, et résistance à l’arrestation est condamnée à six mois de prison avec sursis, et une nouvelle date de procès en septembre 2019 pour statuer sur les dommages et intérêts.

La semaine suivante, les opposants invectivent les ouvriers protégés par les vigiles et la police. Une personne est inculpée. Elle est convoquée le 14 mars sous prétexte d’outrage à agent.

Ces derniers mois la lutte s’est exprimée sous différentes formes : assemblées et réunions publiques, occupation de la place, journaux, affiches, festivals, manifs, carnavals, solidarité avec les victimes et les délogés du 5 novembre… Ces formes de lutte se sont articulées les unes aux autres, et ont permis que la résistance aux travaux soit plus massive, que chacun, chacune puisse s’y impliquer. En réponse, la ville ne lésine pas sur les moyens. Construction d’un mur, invasion de CRS, patrouille de la BAC, et une répression importante dont l’objectif est d’isoler, de dissuader mais aussi de couper court à la lutte. Face à cette division, notre arme est plus que jamais de répondre collectivement à la répression. Quand une personne passe en procès, c’est tout le mouvement qui est inculpé.

Michel, Sofiane et Nicolas sont convoqués au tribunal le 6 mars à 8h30 au TGI de Marseille, Anthony le 14 mars à 8h30.

Retrouvons nous pour un rassemblement devant le palais de justice.

https://mars-infos.org/rassemblement-de-soutien-aux-3936

Prison ferme requise contre Paul-Félix Benedetti – Corse Net Infos

— Les indépendantistes corses se retrouvent comme souvent en procès pour refus d’ADN et refus de se soumettre au FIJAIT. On vous donne des nouvelles du rendu le 26 mars (notamment pour le mois de prison demandé pour refus d’ADN).


Paul-Félix Benedetti, le leader de Core In Fronte, qui comparassait ce mardi après-midi devant le tribunal de grande instance de Bastia « pour violences volontaires, outrage sur dépositaire de l’ordre public » sera fixé sur son sort le 26 Mars prochain. Ce 26 février le ministère public a requis à son encontre 5 mois de prison ferme et un mois supplémentaire pour refus d’ADN et de prise d’empreintes.

@coreinfronte2017

Les faits qui lui sont reprochés remontent au 26 Septembre dernier 
Paul-Felix Bénedetti avait souhaité assister ce jour-là au procès de son frère et de deux autres militants nationalistes  poursuivis pour refus d’inscription au FIJAIT.
Le leader de Core in Fronte avait été repoussé, avec plusieurs dizaines de jeunes, devant les grilles du palais de justice de Bastia par un fonctionnaire de police avec lequel il aurait eu, selon l’accusation, maille à partir.
Une grenade lacrymogène, que le prévenu aurait tenté d’enlever des  mains du policier, aurait ensuite explosé, blessant le fonctionnaire au visage.
Une version contestée devant le tribunal par le prévenu qui s’est dit « gazé sans raison » et frappé au bas du ventre. Le différend se serait ensuite poursuivi verbalement devant l’entrée du palais de justice.Le ministère public a requis a requis  5 mois de prison ferme et un mois supplémentaire pour refus d’ADN et de prise d’empreintes à l’encontre de Paul-Felix Benedetti.

Le tribunal, qui a indiqué que le policier « menacé » et craignant pour lui et pour sa famille, avait retiré sa plainte, a mis son jugement en délibéré au 26 Mars prochain.

Des réquisitions « complètement disproportionnées » pour Core in Fronte qui estime que ce « procès est un prétexte pour essayer de faire taire la voix politique de Paul Félix Benedetti. Il renforce la détermination deCore in Fronte pour l’avènement d’un peuple corse maître de ses droits et de son destin ».

Soirée d’infos et d’échanges contre le fichage ADN – IAATA

— C’est lundi prochain à la relâche de la chapelle à Toulouse. On y sera certainement pour poser textes et peut-être brochure si elle est bouclé!


Soirée d’infos et d’échanges contre le fichage ADN

Publié le 1er mars 2019 

Lors de ce lundi autogéré, on parlera fichage ADN : Micro ouvert !

Contre la répression, la solidarité est notre arme !

En effet, on voit de plus en plus de procès pour refus d’ADN .. Mais la résistance au fichage génétique se poursuit, les procès s’enchaînent mais, bien heureusement, ces derniers temps les relaxes pleuvent !

Le prélèvement biologique en vu d’établir un profil génétique dans le Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques (FNAEG) constitue une atteinte non justifiée à son intégrité physique et à sa vie privée.

Nous organisons cette soirée à la chapelle pour partager nos expériences, gilets jaunes ou pas, venez échanger, témoigner, chercher des infos …

Et bien sûr, il y aura de la bonne bouffe !!

P.-S.

Lundi 4 mars de 19h00 à 22h00, La Chapelle (36 rue Danielle Casanova)

Reconnaissance faciale : Un recours pour faire barrage à la surveillance biométrique – La Quadrature du Net

— Carnaval de Nice, lycée de Nice (vasy casse toi Estrosi sérieux), lycée de Marseille… Petit à petit tout se met en place sous couvert d’expérimentation… On a lu quelque part que la reco dans lycées sera sur la base du volontariat, on invite bien évidemment tout les lycéens à refuser !


 

Quatre organisations – La Quadrature du Net, la Ligue des droits de l’Homme, CGT Educ’Action des Alpes-Maritimes et la Fédération des Conseils de Parents d’Élèves des écoles publiques des Alpes-Maritimes – viennent de déposer un recours devant le tribunal administratif de Marseille pour demander l’annulation de la délibération du conseil régional autorisant la mise en œuvre d’une expérimentation de reconnaissance faciale dans deux lycées de la région.

Ce recours intervient alors que la polémique enfle après que la mairie de Nice a annoncé expérimenter la reconnaissance faciale dans le cadre du carnaval.

Le 14 décembre 2018, le conseil régional de la région Sud (ex-PACA) a voté une délibération visant à faire installer à l’entrée de deux lycées de la région — le lycée des Eucalyptus à Nice et le lycée Ampère à Marseille — un dispositif de reconnaissance faciale. Ce dispositif expérimental, installé et financé par la société états-unienne Cisco, a vocation, comme l’a précisé M. Christian Estrosi lors du vote au Conseil régional, à être étendu à l’ensemble des établissements scolaires de la région.

Devant l’inaction de la CNIL et alors que cette expérimentation prépare la banalisation de la surveillance par reconnaissance faciale, les quatre organisations requérantes ont décidé de saisir le tribunal administratif de Marseille pour demander l’annulation de cette délibération.

Les arguments juridiques soulevés s’appuient essentiellement sur le règlement général sur la protection des données (RGPD) : la délibération, votée alors qu’aucune analyse d’impact n’avait été réalisée, permet en effet la mise en œuvre d’un traitement de données biométriques qui est notamment manifestement disproportionné par rapport à l’objectif poursuivi (apporter « une assistance aux agents en charge du contrôle d’accès au lycée et de l’accueil ») et qui n’est fondée sur aucune règle juridique adaptée, claire et intelligible, contrairement à ce qu’impose la Convention européenne des droits de l’Homme en matière de droit à la vie privée. La délibération autorisant cette expérimentation est donc illégale et doit être annulée.

Le recours est accessible ici.

Pour Martin Drago, juriste à La Quadrature du Net :

« Cette expérimentation vise à accoutumer les élèves à une surveillance biométrique. Cela participe à la banalisation de ce type de technologies, alors que des projets sécuritaires de vidéosurveillance dopées à la reconnaissance faciale pullulent désormais sur le territoire français. On trouve malheureusement bien peu de monde pour y faire barrage, que ce soit à la CNIL ou au niveau des élus locaux et à ce stade, les juges apparaissent comme l’ultime rempart institutionnel. »

Pour Maryse Artiguelong, vice-présidente de la Ligue des droits de l’Homme :

« Pour la Ligue des droits de l’Homme (LDH) cette expérimentation de reconnaissance faciale, qui permet l’identification à l’aide de données biométriques particulièrement sensibles – elles permettent notamment de déterminer l’origine ethnique, qui plus est sur des élèves en majorité mineurs – est particulièrement inquiétante. »

Pour Laure Guérard-Boushor, de la CGT Educ’Action des Alpes-Maritimes :

« Répression contre les lycéen.ne.s, mise en place de mesures pour restreindre le droit de manifester et maintenant mise en place d’un système de reconnaissance faciale à l’entrée de l’établissement les EK à Nice et Ampère à Marseille; l’escalade est toujours plus importante. Nous condamnons ces projets qui remettent en cause tous les principes de la liberté qu’elle soit individuelle ou collective ; qui laissent la porte ouverte à toutes les dérives, toutes les discriminations. Nous demandons à ce que l’argent dont notre école publique a besoin ne soit pas gaspillé dans des mesures dont on connaît l’inutilité et la nocivité. »

Pour Laëtitia Siccardi, présidente de la Fédération des Conseils de Parents d’Élèves des écoles publiques des Alpes-Maritimes :

« Cette expérimentation est une dérive sécuritaire de plus, et nous sommes extrêmement attentifs à ce que les droits fondamentaux des lycéens soient respectés. De plus, il s’agit une fois encore d’un investissement financier considérable au service d’une mesure à l’efficacité douteuse.»

https://www.laquadrature.net/2019/02/19/reconnaissance-faciale-un-recours-pour-faire-barrage-a-la-surveillance-biometrique/


Nice va tester la reconnaissance faciale sur la voie publique

La municipalité, adepte de la vidéosurveillance, a décidé d’expérimenter un dispositif de reconnaissance faciale à l’occasion du carnaval de Nice.

Le Monde avec AFP Publié le 18 février 2019 à 21h46 

Le maire de Nice, Christian Estrosi, a poussé à l’installation de caméras de surveillance dans sa ville, qui en compte une pour 145 habitants.
Le maire de Nice, Christian Estrosi, a poussé à l’installation de caméras de surveillance dans sa ville, qui en compte une pour 145 habitants. ÉRIC PIERMONT / AFP

Ce sera une première en France. Lundi 18 février, le maire Les Républicains (LR) de Nice, Christian Estrosi, a annoncé lors d’une conférence de presse que sa municipalité allait tester un système de reconnaissance faciale sur la voie publique via ses caméras de vidéosurveillance. Le test va durer deux jours dans une partie de l’enceinte du carnaval de Nice, dont la 135e édition a commencé samedi. Il concerne exclusivement des personnes volontaires.

L’expérimentation permettra de tester différents scénarios, comme celui d’un enfant perdu dans la foule, d’une personne âgée vulnérable elle aussi égarée ou encore d’une personne dite « d’intérêt », c’est-à-dire recherchée, en utilisant six caméras de vidéosurveillance positionnées sur le périmètre de test.

Une participation volontaire

Un millier de volontaires venant au carnaval vont être amenés à jouer le rôle de cobaye et à accepter le principe de la reconnaissance faciale, ce qui permettra ensuite de rechercher parmi eux des personnes dont les opérateurs de vidéosurveillance auront la photographie. Les personnes qui ne seront pas volontaires auront le visage flouté et ne seront pas reconnaissables sur les images.

Prévenue au début du mois par l’équipe de Christian Estrosi, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) a accompagné l’expérimentation, mais n’a pas eu à donner une autorisation préalable : celle-ci n’est plus obligatoire pour les dispositifs biométriques depuis l’entrée en application du Règlement général pour la protection des données (RGPD) européen.

Dans une série de messages postés sur Twitter, mardi 19 février, la Commission a dit regretter « l’urgence dans laquelle ses services ont été sollicités », son accompagnement ayant été demandé par la municipalité moins d’un mois avant le carnaval, et souhaite un « bilan de cette expérimentation » dans les deux mois suivant la manifestation.

Par ailleurs, la CNIL rappelle que la reconnaissance faciale sur la voie publique ne peut, dans le cadre législatif actuel, « aller au-delà du simple test », puisque aucune loi n’est aujourd’hui adaptée spécifiquement aux « dispositifs de reconnaissance faciale ». Elle a demandé aux équipes de Christian Estrosi d’installer des panneaux informatifs expliquant clairement aux participants aux festivals les conditions et l’obligation de consentement de l’expérimentation.

La licence du logiciel employé, AnyVision, appartient à l’entreprise Confidentia. Selon son président, Jean-Philippe Claret, il permet « de reconnaître quelqu’un même si la photo a trente ans » ou encore de reconnaître une personne passant de profil près d’une caméra, même si la photo fournie est de face.

Lire aussi  La CNIL défavorable à l’utilisation de l’application de sécurité Reporty à Nice

Obtenir la liste des « fichés S »

Nice compte une caméra pour cent quarante-cinq habitants. Par le passé, la municipalité s’était déjà montrée encline à doubler son important parc de caméras de procédés de cette nature. Quelques semaines avant l’attentat de la promenade des Anglais (86 morts), lors de l’Euro 2016 de football, M. Estrosi avait déjà demandé sans succès au gouvernement l’autorisation d’utiliser la reconnaissance faciale à l’entrée de la fan-zone installée dans sa ville.

Plus récemment, en décembre 2018, il avait demandé au préfet de lui fournir la liste des « fichés S » (pour sûreté de l’Etat) de sa ville, afin de « pouvoir suivre toutes les allées et venues, dans les transports en commun, dans les artères, dans les lieux publics, des individus en question », à l’aide d’un logiciel de reconnaissance faciale qui serait relié à l’ensemble des caméras de la ville.

https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/02/18/nice-va-tester-la-reconnaissance-faciale-sur-la-voie-publique_5425053_3224.html

Gilet Jaune et Malfaiteur – LM, Iaata, Mediapart

— Articles sur le camarade en préventive pour une clé facteur et un refus ADN…


 

En soutien à R., en prison à Toulouse depuis 2 semaines pour une « association de malfaiteurs » imaginaire

paru dans lundimatin#178, le 19 février 2019

Depuis 2 semaines, un certain R. est en détention provisoire à la prison de Seysse, à Toulouse, dans le cadre d’une enquête pour association de malfaiteurs. Mediapart vient de publier un article détaillé sur cette affaire. Ici, nous publions un récit que nous ont transmis les amis de R.
Samedi 2 janvier dernier, un peu avant le début de l’acte XII du mouvement des Gilets Jaunes à Toulouse, R. descend dans la rue fumer une cigarette pour observer à distance un contrôle de police. Une fois le contrôle terminé, les policiers se dirigent vers lui, l’interpellent, l’emmènent au comissariat pour un contrôle d’identité et le placent en garde à vue. Il est ensuite présenté à un juge d’instruction pour refus d’ADN, identité imaginaire et « association de malfaiteurs en vue de commettre des dégradations » et se retrouve, depuis, en détention provisoire. Ce dernier chef d’inculpation est particulièrement préoccupant puisqu’il permet d’incriminer des personnes (en l’occurence, une seule) sans qu’aucun délit n’ait vraiment eu lieu. Dans la présente affaire, R. est arrêté sur la simple base d’une attitude légèrement suspecte puis une enquête est ouverte qui tente, a posteriori, de construire sa culpabilité par tous les moyens. Mais le dossier est toujours vide à l’heure qu’il est, et R. toujours en prison.

Le mouvement des Gilets Jaunes ne se laisse pas abattre. Pourtant, des obstacles toujours plus nombreux se dressent face à la détermination populaire. Le mouvement a su éviter les pièges de la représentation (parti, liste aux européennes) et de la négociation (grand débat) qui auraient pu précipiter son déclin en le divisant, en isolant les franges les plus radicales. Mais il a également du faire face à une répression protéiforme : présence policière massive, usage débridé des armes dîtes non-létales, mutilations assumées pendant les manifestations et, sur le plan juridique, des centaines d’arrestations préventives, des peines extrêmement lourdes à l’issue des procès et bientôt la loi anti-casseurs.

À cette criminalisation de la lutte s’ajoute le lent travail d’enquête, moins spectaculaire mais tout aussi pernicieux, dont nous voulons exposer ici quelques ressorts et la profonde grossièreté. À Toulouse en particulier, la préfecture annonçait fin janvier la création d’un groupe d’enquête spéciale Gilets Jaunes, composé d’une dizaine de policiers de la sûreté départementale et d’« investigateurs en cybercriminalité ». Ceux-ci travaillent en collaboration avec le parquet et sous la direction du procureur. Il y a quelques semaines, La Dépêche signalait une quarantaine d’enquêtes en cours en rapport avec le mouvement des Gilets Jaunes pour la seule région toulousaine. De récentes perquisitions réalisées dans le cadre de ces instructions révèlent le sale travail de la justice : en plus d’enquêtes portant sur des faits précis, un certain nombre d’affaires concernent des « associations de malfaiteurs en vue de commettre » des crimes ou des délits plus ou moins graves, comme c’est le cas dans l’histoire qui va suivre. Cette incrimination a l’avantage de pouvoir cibler n’importe quelle personne légèrement suspecte puisqu’elle n’a pas besoin de faits pour l’étayer mais seulement d’intentions.

Nous sommes le samedi 2 janvier, acte XII des Gilets Jaunes dit « contre les violences policières ». Comme chaque samedi depuis des semaines, les forces de l’ordre disposent d’un arrêté préfectoral pour procéder à des contrôles dans tout le centre-ville. Ils peuvent ainsi vérifier les identités, fouiller les sacs et procéder à des arrestations préventives comme bon leur semble.

Ce jour-là, alors que la police nationale contrôle un groupe de personnes dans le quartier François Verdier, R. est à la fenêtre ; il garde alors T., la fille d’une amie, à son domicile. Intrigué par la situation, il descend dans la rue et allume une cigarette. Quand la BAC arrive en renfort, le groupe contrôlé est en train de repartir. Mais les policiers, sans doute déçus, veulent rentabiliser leur intervention et procèdent alors au contrôle de R. N’ayant pas ses papiers sur lui, il est emmené au commissariat pour une vérification d’identité. Lorsqu’on lui demande son ADN, il refuse et est placé en garde à vue. 48 heures plus tard, il est présenté à une juge d’instruction, mis en examen, et placé en détention provisoire à la maison d’arrêt de Seysses. À ce stade, rien n’est communiqué à ses proches quant aux faits qui lui sont reprochés.

On apprendra plus tard, au moment de perquisitions de son domicile ainsi que celui de la petite fille dont il s’occupait, que le prévenu a été placé en détention pour son rôle dans une « association de malfaiteurs en vue de commettre des dégradations passibles de plus de dix ans de prison ».

À ce jour, R. est le seul malfaiteur de cette prétendue « association ». Au cœur du dossier : des « PV de contextes » relatant les manifestations depuis novembre et un jeu de clés suspicieux trouvé sur le détenu et qui serait, selon la police, « caractéristique du fonctionnement des activistes d’ultragauche pilotant le mouvement des gilets jaunes et leurs manifestations, en tout cas sur la ville de Toulouse ». Au delà de ça, aucune infraction, même mineure.

Me Dujardin, avocate du prévenu, confirmera que cette association de malfaiteurs n’est caractérisée par aucun fait matériel et que le dossier est fondé essentiellement sur des notes blanches et des « éléments de contexte » :« Pour une instruction pénale, il faut des indices sérieux et concordants ; là, il n’y a même pas le début d’un commencement. On sait que l’association de malfaiteurs est une infraction fourre-tout mais en général, il y a quand même quelques faits caractérisés permettant de faire le raccord. Là, non. »

À L’AFFÛT DE PREUVES ET DE RENSEIGNEMENTS

Mercredi 6 février donc, en début de soirée, deux perquisitions ont lieu simultanément.

La première se déroule au domicile du prévenu, alors que les colocataires s’apprêtent à manger. Une quarantaine de policiers, arme au poing, accompagnés par ce qui semble être la juge d’instruction, Madame Billot (elle n’a pas voulu décliner son identité), investissent le logement ainsi que celui des voisins (pour vérifier que personne ne s’y cache). La rue est bloquée, le quartier sécurisé. Le prévenu, menotté, assiste à la perquisition qui durera trois heures.

Un premier tour des lieux est effectué par trois chiens : recherche d’explosifs, de stupéfiants, et de billets de banque. Peine perdue, les chiens repartent bredouilles. Les personnes présentes sur place ne peuvent sortir de la cuisine, pendant que les policiers mettent la maison sens dessus dessous, pièce par pièce, emportant l’ensemble du matériel informatique (ordinateurs, téléphones portables, clés usb) mais aussi des livres, des tracts, des brochures et de l’argent.

Malgré les demandes répétées des personnes présentes, les policiers refusent de montrer le mandat leur permettant d’effectuer cette perquisition. Toutes les chambres sont visitées, sans exception, en l’absence des personnes y vivant, et chacun des habitant.e.s perdra une partie de ses effets personnels et outils de travail au cours de l’opération. Ils parviennent tout de même à se faire expliquer que la perquisition est effectuée sous l’ordre d’une juge dans le cadre d’une instruction ouverte pour refus d’ADN, identité imaginaire et association de malfaiteurs.

UNE PERQUISITION « UN PEU JUSTE »

La seconde perquisition se déroule dans l’appartement où R. faisait du baby-sitting le jour de son arrestation. A 20h, T. et sa nouvelle baby-sitter rentrent de la piscine. La rue est bouclée, des policiers gardent l’entrée de l’immeuble pendant que d’autres sont déjà en train de fracturer les serrures de la porte de l’appartement. Le mandat de perquisition n’étant au nom d’aucun habitant, la baby-sitter souhaite partir avec l’enfant. Elle est alors saisie par les bras et menacée d’être embarquée à son tour : « De toute façon, on va rentrer ».

Une fois à l’intérieur, aucune gêne. Pendant que des policiers cagoulés jouent avec leurs armes de service et leurs gazeuses, d’autres s’assoient sur les lits, se prenant en selfie dans l’une des chambres. Des policières tentent même, avec le plus grand sérieux, d’interroger T. de manière tout à fait illégale, en lui proposant de jouer « au jeu des questions ». « Au jeu des questions, sérieux ? » répondra cette dernière presque déçue par leur manque évident de subtilité. Dans la bibliothèque, d’autres s’exclament « Ça fait mal à la tête tous ces livres ! ».

Devant l’insistance de la baby-sitter qui conteste la légalité de la procédure, les policiers avouent que celle-ci est « un peu juste », mais menacent de l’embarquer si elle continue de s’opposer. Sans laisser plus d’indication ni aucune trace écrite, ils prendront tout le matériel informatique, ordinateur de la baby-sitter compris, ainsi que deux brochures sur le mouvement des Gilets Jaunes et un carnet de notes. Ils finiront par « décommander les chiens » et partir une heure et demi plus tard. Ils n’auront pas trouvé la manufacture de gilets jaunes destinée au marché noir égyptien, cachée sous le lit.

L’ASSOCIATION D’UN MALFAITEUR

En dehors du fait que les méthodes utilisées pendant les perquisitions soient scandaleuses (dégradation, menaces physiques, intimidation envers mineur, prise de photos pour un usage personnel…), les saisies massives (une dizaine d’ordinateurs, plusieurs téléphones, de multiples habits n’appartenant pas au prévenu mais aux autres habitants) et la visite d’un appartement où il est clair pour tout le monde que R. n’habite pas, montrent à quel point l’opération consiste à récupérer le plus d’informations possible, à mettre en lien des personnes et à venir chercher dans leur vie privée dans l’espoir d’obtenir le moindre élément incriminant. L’enquête ne cherche visiblement pas à trouver des auteurs pour des méfaits mais inversement à trouver des méfaits pour justifier, a posteriori, l’incarcération d’une personne et la suspicion de ses proches. Tout se passe comme si l’instruction de départ était ouverte dans le cadre le plus lâche et souple possible pour donner à la justice tous les moyens d’enquêter et de glaner des renseignements, quitte à le faire seulement une fois qu’un individu peu collaboratif a eu la malchance de tomber entre les mains des policiers. Reste qu’à l’heure qu’il est, le dossier qui incrimine R. est totalement vide : son attitude suspecte lors du contrôle de police ainsi que le refus du fichage ADN sont les seuls éléments « tangibles », mais rien ne vient attester d’une quelconque « association en vue de commettre » on ne sait quels crimes ou délits. Finalement, peu importe : l’« association de malfaiteurs » aura au moins permis de récolter toutes sortes d’informations et d’envoyer pour quelques temps encore un Gilet Jaune en prison.

Dans le cadre du mouvement, ce type de procédure peut toucher plus ou moins tout le monde. La plupart des manifestations n’étant pas déclarées et l’organisation du mouvement se faisant en dehors de tout cadre institutionnel (syndical ou autre), n’importe quel Gilet Jaune qui s’organise un minimum est potentiellement en train de constituer une association de malfaiteurs en vue de commettre des délits.

L’intensité du mouvement Gilets Jaunes a accéléré l’usage tous azimuts des moyens de répression. La logique est simple : il s’agit de marquer les corps et les esprits, épuiser et intimider afin de casser les dynamiques, combiner la violence physique avec des peines de prisons et l’ouverture de larges instructions pour obtenir le plus d’informations possibles.

Mais si juges et policiers cherchent à isoler des malfaiteurs, c’est pour mieux cacher que chaque samedi et en semaine ce sont des milliers de gilets jaunes qui s’associent pour faire plier le gouvernement et marcher sur la tête des rois.

https://lundi.am/Nous-sommes-le-samedi-2-janvier-acte-XII-des-Gilets-Jaunes-dit-contre-les


D’un contrôle d’identité à une détention provisoire, une collaboration police-justice.

Publié le 17 février 2019

Après bientôt trois mois d’une contestation massive et acharnée, le mouvement des gilets jaunes n’en finit pas de ne pas finir, et le moins qu’on puisse dire, c’est que ce n’est pas du goût du pouvoir.
Récit d’une nouvelle opération de police, sous les ordres de Mme Billot, juge d’instruction.

Samedi 2 février, alors que se prépare l’acte XII des gilets jaunes, les flics, munis d’une réquisition du procureur, procèdent à leurs rondes habituelles. Contrôles d’identité, fouilles, confiscation du matériel de défense, comme depuis des semaines, ils répriment en préventif.

Ce même jour, alors qu’il garde une enfant, R assiste depuis la fenêtre à l’un de ces contrôles. Descendu fumer une clope dans la rue, il est à son tour contrôlé. N’ayant pas ses papiers, il est emmené au poste, où il refuse le fichage ADN. Il est alors placé en GAV.

48 heures plus tard, on apprend avec stupeur qu’il est présenté à une juge d’instruction, mis en examen pour association de malfaiteur, refus d’ADN et identité imaginaire, et placé en détention provisoire. Aoutch.

Deux jours plus tard, mercredi 6 février, en début de soirée, vers 20h30, deux perquisitions ont lieu. Au domicile du prévenu, et dans l’appartement dans lequel il se trouvait avant de descendre fumer une clope le samedi après-midi.
En tout c’est près de de 60 flics qui débarquent armes au poing dans les domiciles, refusant de montrer la commission rogatoire qui leur permet ces violations de la vie privée. Ils retournent toutes les chambres et les parties communes, garage compris, indistinctement, et saisissent ordinateurs, clés usb, téléphones portables mais aussi thunes, tracts, livres, fringues ou encore factures. Ils iront jusqu’à fouiller les poubelles.

L’ensemble de la procédure paraît bien brinquebalante. Leurs dossiers sont vides et il va bien falloir les remplir. Pour ça, le fameux couple police et justice fabrique de la culpabilité à la pelle, et tous les prétextes sont bons, il s’agit pour eux de rendre des résultats, de justifier des moyens engagés, de montrer à la population que le pouvoir gère encore, de faire rentrer les gens chez eux.

Fin janvier, la préfecture annonçait la création à Toulouse d’un groupe d’enquête spéciale Gilets Jaunes, composé d’une dizaine de policiers de la sûreté départementale et d’« investigateurs en cybercriminalité ». Ils travaillent en collaboration avec le parquet et sous la direction du procureur. A leur disposition les heures d’images produites chaque samedi : ils les passent au peigne fin avec pour objectif l’identification des manifestant.es. Déjà une quarantaine d’enquêtes semblent avoir été ouvertes. 
L’association de malfaiteurs qu’ils ressortent ici, est de plus en plus utilisée ces dernières années, véritable fourre-tout juridique permettant à la justice et la police de faire ce qu’ils veulent. Elle ne vise pas à incriminer pour des faits en particulier mais à réprimer à plus grande ampleur. Ce qui est visé, ce sont les liens, le soutien, l’ambiance qui permet à la contestation d’exister sous toutes ses formes, c’est « l’entente en vue de » Cela leur permet notamment de mettre en place des écoutes téléphoniques, des géolocalisations, des filatures, des perquisitions, de la surveillance informatique et de suspecter ceux et celles qui ne veulent plus subir sans rien dire.

La procédure à laquelle on assiste ici est autant exceptionnelle qu’elle se banalise. C’est en fait la continuité de ce qui se passe dans la rue : en frapper un pour en effrayer cent. Marquer les corps et les esprits. Instiller la peur et l’angoisse. Faire rentrer les gens chez eux. Enrayer la dynamique de lutte.
Les blessures physiques et psychologiques, les mains arrachées, les regards éborgnés, les traumatismes face aux violences et leurs nuages de gaz. Les condamnations à la chaîne dans les chambres de comparutions immédiates, les peines de prison, les amendes et les interdictions de manifester.
Les instructions, les perquisitions et le sentiment permanent d’être scruté, épié, observé.
C’est l’arsenal dont dispose aujourd’hui le pouvoir pour maintenir son ordre et ses privilèges.

La violence que déploie aujourd’hui le pouvoir pour se défendre a cela d’exceptionnel qu’elle vient dévoiler la brutalité que nous subissons au quotidien. Mépris, exploitation, boulots de merde, loyers démesurés, crédit à vie et vice-versa. 
Ce sont ces conditions d’existence face auxquelles nous sommes des dizaines de milliers à crier nos rages. 
Et pour ceux qui nous exploitent, pas question de lâcher, ils ont un monde de privilèges à défendre, ils ont leur beurre à faire sur notre dos et des armes policières et juridiques pour continuer à le faire.

A travers ce type d’enquêtes ou d’instruction, c’est le mouvement en cours dans son ensemble qui est directement attaqué. C’est une tentative de plus visant à diviser les manifestant·e·s, en isolant certaines personnes, alors même que l’on assiste depuis plusieurs semaines à un large mouvement populaire qui prend la rue en s’exprimant de manière plurielle. Ne nous laissons pas faire et affirmons ensemble « Nous sommes tou.te.s des malfaiteurs »

P.-S.

Face à la répression, l’enfermement, la brutalité du pouvoir, tenons nous ensemble et organisons nous.

Pour envoyer du soutien, pour plus d’infos, ou pour s’organiser ensemble, contacter la Défense Collective (http://defensecollectivetoulouse.noblogs.org)

https://iaata.info/D-un-controle-d-identite-a-une-detention-provisoire-une-collaboration-police-3113.html


ARTICLE MEDIAPART 1

À Toulouse, sur fond de gilets jaunes, resurgit le spectre d’une affaire Tarnac
17 février 2019 Par Emmanuel Riondé [article de Mediapart]

Début février, une mise en examen pour association de malfaiteurs et deux perquisitions mobilisant plusieurs dizaines de policiers ont visé des militants de la sphère autonome. Un coup de pression, malgré un dossier vide, sur des éléments classés « anarchistes » et supposés actifs au sein des « gilets jaunes ».

Toulouse (Haute-Garonne), de notre correspondant.- Samedi 2 février, R. garde la fille d’une amie chez elle, dans un appartement situé dans le quartier de la préfecture. C’est le milieu de la journée, la manifestation de l’acte XII va bientôt démarrer. Voyant des policiers contrôler un groupe de personnes dans la rue, il descend fumer une cigarette et observer ce qui se passe. Interpellé pour une vérification d’identité, R. refuse de la décliner et de donner son ADN. Il en a le droit mais il s’agit d’un délit. Il est placé en garde à vue.

Le 4 février, R. est présenté à la juge d’instruction Élodie Billot, l’un des deux magistrats qui, en janvier 2018, avaient rendu une ordonnance de non-lieu dans le dossier de la mort de Rémi Fraisse à Sivens. Il est mis en examen pour association de malfaiteurs et placé en détention provisoire à la maison d’arrêt de Seysses. Mardi 19 février, la cour d’appel du TGI de Toulouse examinera son ordonnance de placement en détention provisoire. « On veut qu’il bénéficie au moins de mesures de contrôle judiciaire » lui permettant de sortir de prison, annonce son avocate Claire Dujardin.

Qu’y a t-il dans le dossier ? Le procureur du TGI de Toulouse, Dominique Alzeari, nous oppose le secret de l’instruction en cours. Tout en confirmant l’interpellation, puis la mise en examen de R. pour « association de malfaiteurs en vue de la préparation d’actes de destruction et des dégradations graves » et pour « plusieurs délits connexes, dont le refus de se soumettre aux relevés d’empreintes, le refus de se soumettre aux examens génétiques ou encore l’usurpation d’identité d’un tiers ».

Mais selon les informations que nous avons pu recueillir auprès de diverses sources proches de l’enquête, rien ne justifierait ce placement en détention. De nombreux « PV de contextes » relatant les manifestations depuis novembre figurent dans le dossier, mais aucune infraction, même mineure, impliquant R. n’y apparaît.

« Cette association de malfaiteurs n’est caractérisée par aucun fait matériel, déplore son avocate. Pour une instruction pénale, il faut des indices sérieux et concordants ; là, il n’y a même pas le début d’un commencement. On sait que l’association de malfaiteurs est une infraction fourre-tout mais en général, il y a quand même quelques faits caractérisés permettant de faire le raccord. Là, non. » En lieu et place figurent surtout des notes blanches et des « éléments de contexte », dont certains évoquent, de fait, un mauvais remake de « l’affaire Tarnac ».

Ainsi cette évocation d’un « groupe de 7 personnes, porteuses de sacs volumineux et présentant les caractéristiques des membres de l’ultragauche… » Des sacs qui s’avèreront dissimuler des duvets et des « denrées alimentaires sans intérêt », mais peu importe : « Au vu des éléments de contexte, des renseignements recueillis et du profil de certains interpellés depuis les 12 samedis de manifestations toulousaines, il est permis de penser que les activistes d’ultragauche et des mouvements anarchistes constituent le noyau des casseurs “black bloc” et semblent constituer les leaders du mouvement insurrectionnel », est-il noté dans un procès-verbal.

« Ce sont des fantasmes complets à coups de “il est permis de penser que…”, s’emporte Claire Dujardin. C’est du prédictif pur ! On suppose qu’il a peut-être, et probablement avec d’autres, commis des infractions… » Au cœur de ces supputations, un « jeu de clefs et de passes » trouvé sur le détenu qui serait, selon la police, « caractéristique du fonctionnement des activistes d’ultragauche pilotant le mouvement des gilets jaunes et leurs manifestations, en tout cas sur la ville de Toulouse ».

Consultée par Mediapart, une avocate pénaliste ayant 20 ans d’expérience dans ce type de dossier s’étrangle : « C’est une honte absolue, je n’ai jamais vu un truc pareil ! Ce n’est pas un dossier de procédure pénale, ce sont des notes blanches déguisées en procédure pénale ! Je ne comprends pas comment un juge d’instruction peut mettre en examen sur de tels éléments. Mais on est où, là ? »

Il semble que l’appartenance à la sphère autonome de R., de nationalité suisse et n’ayant jamais été condamné, et de G., la femme dont il gardait la fille le jour de son arrestation, ait suffit à éveiller les soupçons des enquêteurs. « Ça les excite… » soupire G. Au point que quatre jours après l’interpellation de R., mercredi 6 février, deux perquisitions sont simultanément menées dans leurs domiciles respectifs.

Il est 20 heures lorsque la fille de G. et sa baby-sitter rentrent de la piscine. L’accès à l’immeuble est bouclé et les policiers ont commencé à s’attaquer aux serrures de la porte de l’appartement. « La personne qui accompagnait ma fille a tout d’abord souhaité repartir avec elle, mais ils ont menacé de l’embarquer ; ma fille a donné les clefs. » S’ensuit une perquisition qui va durer une heure et demie, en l’absence de G. « Ils ont saisi tout le matériel informatique, raconte cette dernière. Y compris celui de la baby-sitter, des brochures sur les gilets jaunes, un carnet de notes… Des policières ont demandé à ma fille si elle voulait jouer “au jeu des questions”… », provoquant l’incrédulité de l’adolescente de 13 ans, à qui ils ont aussi demandé si sa mère « écrivait ». Durant cette perquisition, bien obligés de constater qu’il n’y avait pas grand-chose, les policiers ont fait savoir qu’ils « décommandaient les chiens ».

Ce qui n’a pas été le cas à l’autre bout de la ville, sensiblement à la même heure. Dans la maison où R. vit en colocation avec des amis, ce même 6 février, vers 20 h 30, des policiers s’annoncent et pénètrent dans l’appartement en brandissant un bouclier. « On était en train de préparer à manger, ils sont entrés, non cagoulés, sans trop crier, sur un air du Velvet Underground », raconte L., l’une des trois colocataires présentes sur place à ce moment-là.

Trois chiens sont déployés (a priori pour les stupéfiants, les explosifs et l’argent) dans l’appartement, dont les habitants sont cantonnés dans la cuisine sous la surveillance de deux policiers et en présence de R., menotté, leur pote détenu depuis deux jours et avec lequel ils n’ont pas le droit de communiquer.

« Les autres policiers ont investi toutes les chambres au rez-de-chaussée et à l’étage, raconte L. D’autres étaient dans le jardin, sûrement pour sécuriser les accès. Il devait y avoir une quarantaine de policiers. Ils ne nous ont d’abord rien dit de ce qui se passait, aucun document ne nous a été présenté. À la fin, celui qui semblait être le chef, en civil avec un brassard de police, a fini par nous dire que c’était une perquisition pour une affaire qui concernait notre ami et une association de malfaiteurs. » Les policiers photographient, filment (« Ils nous ont filmés dans la cuisine pendant une heure et demie », assure L.) et finissent par emporter tout le matériel informatique et téléphonique présent dans la maison. « Et aussi des bouquins et des documents administratifs et personnels », ajoute D., un colocataire qui, absent ce jour-là, a pu sauver son téléphone mais n’a pas retrouvé son ordinateur en rentrant.

À 23 h 30, les policiers s’en vont, puis reviennent quelques minutes plus tard et font un dernier tour au garage, avant de quitter définitivement les lieux.

Deux perquisitions simultanées, des dizaines d’agents déployés, des attitudes intimidantes, des saisies massives, pour quel résultat ? « Les éléments résultant des perquisitions n’ont pas à ce jour donné lieu à mise en examen supplétive ou à des mises en examen d’autres personnes. L’instruction se poursuit », nous a répondu par mail, vendredi soir, 10 jours après les faits, le procureur Dominique Alzeari.

Les paramètres très brumeux de cette séquence toulousaine résonnent avec les récentes consignes du parquet à Paris. Révélées par Le Canard enchaîné le 30 janvier dernier, elles invitent les magistrats à inscrire les personnes interpellées dans le cadre du mouvement des gilets jaunes au fichier de traitement des antécédents judiciaires (TAJ), « même lorsque les fait ne sont pas constitués ».

À l’échelle locale, cette focalisation sur une « ultragauche » qui serait à la manœuvre parmi les gilets jaunes semble faire écho aux préoccupations du maire de la ville qui s’est imposée comme l’un des principaux foyers du mouvement. Jean-Luc Moudenc, après s’être glissé en décembre dans le cortège « en tenue de motard », avait assuré avoir vu de ses yeux l’alliance des militants d’extrême droite et d’extrême gauche : « J’ai été frappé par le mano a mano entre extrémistes de gauche et de droite, unis pour lancer des projectiles contre les forces de l’ordre », expliquait-il à Libération début janvier.

Une intuition assez nettement contredite samedi 9 février, lors de l’acte XIII, où une trentaine de militants d’extrême droite (notamment de Génération identitaire) ont attaqué le cortège, et précisément des militants de gauche. Mais c’est bien sur la sphère dite « autonome » que se sont abattues les foudres policières et judiciaires ces derniers jours, pas sur la « fachosphère » toulousaine.

Mercredi 13 février, G. a adressé à la juge d’instruction un courrier demandant la restitution de ses affaires saisies et contenant une facture de la dégradation de la porte. Concernant R., des requêtes pour nullité de procédure sur son interpellation et sa mise en examen ont été déposées vendredi 15 février par son avocate, qui résume : « Je ne sais pas ce que l’on reproche à mon client. »

La justice a deux mois pour se prononcer.


ARTICLE MEDIAPART 2

Toulouse (Haute-Garonne), de notre correspondant.– Un « contexte » mouvementé dans lequel les services de police et de justice ont besoin de « confort » pour enquêter. Se rendant à cet argument de l’avocat général, la chambre d’instruction de la cour d’appel du TGI de Toulouse a rejeté vendredi 22 février la demande de libération de R., mis en examen le 4 février pour association de malfaiteurs.

Ce jeune homme suisse de 26 ans, interpellé le 2 février en milieu de journée à Toulouse, peu avant le début des manifestations de l’acte XII, reste donc détenu à la maison d’arrêt de Seysses. La décision d’un éventuel renouvellement de son mandat de dépôt interviendra le 4 mai. D’ici là, les recours en nullité de procédure portant sur les conditions de son interpellation et les motifs de sa mise en examen, déposés le 15 février, devraient être examinés. Des audiences, non publiques, pourraient avoir lieu à cette fin dans le mois qui vient.

Lors de celle qui s’est tenue à la cour d’appel, mardi 19 février, son avocate Claire Dujardin a plaidé l’absence d’éléments concrets dans le dossier : « Nous sommes [face à] un énorme point d’interrogation quant aux faits matériels qui sont reprochés [à R.] », a-t-elle souligné. « Il y a une vraie difficulté à trouver une infraction caractérisée. Sauf à considérer qu’on lui reproche d’avoir participé à toutes les dégradations du mouvement des gilets jaunes… » De fait, le dossier est truffé de « PV de contexte » relatant par le menu les manifestations agitées des samedis toulousains depuis trois mois.

Charlotte Cambon, l’autre avocate de R., s’est elle attachée à déconstruire les raisons invoquées par le parquet pour le maintenir en détention : la sérénité et le « confort » de l’enquête, la continuité des investigations, la préservation des « preuves et indices » et l’assurance qu’il ne se concerte pas avec ses camarades.

« Aujourd’hui, il n’y a plus de doute sur son identité », a-t-elle remarqué. Dans un premier temps, refusant de donner son ADN, R. avait lâché une fausse identité, prétendant se nommer « Jérôme Schmidt ». Une « espièglerie » qui n’avait pas plu aux policiers. Quant aux « preuves et indices » supposés, « on nous demande en fait de le garder en détention pour trouver des éléments qui n’existent pas encore ! On devrait être dans une enquête préliminaire », a résumé Charlotte Cambon.

Face à ces arguments, l’avocat général a assumé la prééminence dans le dossier des « éléments de contexte » : « Depuis quelques semaines, la ville de Toulouse est soumise à des manifestations importantes qu’instrumentalisent des groupes qui ont un tout autre objectif », a ainsi assuré le magistrat. En l’occurrence, selon lui : « provoquer les forces de l’ordre et déclencher ce que certains voudraient être une insurrection nationale » qui serait le « but ultime de certains de ces groupes ».

En défense des « contrôles d’identité préventifs » permis par les réquisitions larges du parquet, il a insisté sur plusieurs points : la possession par R. de clés qui seraient, selon la police et la justice, les outils d’un « mode opératoire » (d’« ultragauche », donc) consistant à stocker vêtements et « munitions » dans les communs des bâtiments situés le long des parcours de manifestations ; le « marquage » des chiens de détection d’explosif à plusieurs endroits, lors de la perquisition au domicile de R. le 6 février ; et la découverte lors de cette même perquisition d’une trentaine d’ordinateurs et d’une quinzaine de téléphones portables attestant, selon l’avocat général, de son appartenance à « un groupe organisé ».

Crachons dans leurs gueules plutôt que dans leurs fiches

En juin 2017, la CEDH (Cour Européenne des Droits de l’Homme) a condamné la France à cause, entre autres, de la durée de conversation des profils ADN enregistrés dans le FNAEG (Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques). En effet, aujourd’hui, si t’es jugé-e coupable du vol d’un figolu, c’est pareil que pour un mec qui a violé son gosse, ta fiche est conservée 40 ans, avec l’impossibilité de demander l’effacement de celle-ci.

Le FNAEG contient également l’ADN des personnes soupçonnées, et/ou mises en cause comme ils disent. Leur fameux « s’il existe des indices graves ou concordants » (+ flou tu meurs) qui est écrit dans la loi (1), c’est ça qui permet d’alimenter leur putain de fichier. Aujourd’hui, il y aurait 2,9 millions de « profils génétiques » enregistrés selon la CNIL – on est sceptique car y’en avait 3 millions en 2015… ??? Bref, on rappelle qu’il y a à peine 500 000 fiches de personnes définitivement condamnées, donc la proportion de personnes fichées pour rien est ahurissante – mais tellement compréhensible : sans fichage à grande échelle, un fichier de ce style ne sert tout bonnement à rien (bah oui, on peut pas retrouver le méchant voleur sinon !). Si t’es mis en cause dans une affaire, ta fiche est gardée « que » 25 ans, c’est le cas également si t’as eu une relaxe, un acquittement, un classement sans suite (rappel à la loi par exemple…). L’effacement de ta fiche FNAEG peut-être demandé si tu rentres dans une de ces catégories.

  • Depuis juin 2017, on obtient au taquet de relaxes dans des procès pour refus de prélèvement ADN en grande partie grâce à l’arrêt de la CEDH cité plus haut, et ça tue ! Des milliers d’euros et des mois de sursis (voir de ferme) en moins. D’ailleurs si t’as un procès en cours ou un-e pote à toi, on a quelques décisions de justice et différents goodies qui peuvent t’aider pour monter ta défense ici sur ce site.

Mais bon, tout ça va changer un tout petit peu.

L’arrêt de la CEDH a « forcé » l’Etat français à modifier sa loi. Entre guillemets, parce que les arrêts de la CEDH ne sont que « déclaratoires », mais ça le fait moyen de pas suivre ses recommandations, surtout pour la France, pays des droits de l’Homme, hébergeur de la CEDH tout ça tout ça (c’est une blague bien sûr, la France se fait régulièrement condamner pour violation du droit des étrangers, mais tout le monde s’en fout).

Lorsque la loi de programmation et de réforme de la justice 2018-2022 entrera en vigueur (elle vient d’être validée en 2eme lecture à l’assemblée, il faut donc attendre le décret d’application qui arrivera dans les semaines qui viennent), une personne condamnée pour un délit ou un crime qui lui a valu une fiche au FNAEG pourra donc demander son effacement ! Miracle ! Non pas trop quand même hein doucement. Il faudra que tu demandes au procureur son effacement. Qui prendra certainement un malin plaisir à te le refuser. A partir de là il faudra patienter un « délai fixé » (qui sera apparemment proportionné au délit commis d’après ce qu’il se dit) avant de faire un recours – il faudra attendre le décret d’application pour en savoir plus.

Et oui, ce petit truc « cassera » l’arrêt de la CEDH, basé sur la durée de conservation trop (beaucoup trop) longue et sur l’impossibilité d’effacer sa fiche. Donc on risque d’avoir une recrudescence des poursuites pour refus de prélèvement ADN. Wouai parce que les procureurs poursuivaient quand même un peu moins (plusieurs notes internes ou consignes ont été données par le pouvoir du style : calmez-vous sur les poursuites, on va se les faire une fois qu’il y aura la nouvelle loi). Même si les poursuites ne sont systématiques après un refus de prélèvement ADN ou même signalétique, avec ce genre de « modification », le parquet pourrait avoir plus de légitimé à le faire.


Les député-es avaient également essayé de faire passer deux amendements en scred comme le fait de ficher par extension frère, sœur, parents, oncle, cousin germain, demi-beau-père… et celui de collecter de l’ADN codant (qui permet de savoir tout sur toi en gros : origine géographique, couleur de peau… y’a moyen de modéliser ta tête avec ces données). On vous en parlé ici dans un article alarmiste assez technique (2). Face à la « fronde » de quelques député-es, de quelques médias (pcInpact notamment), de la CNIL (lol on rigole, mais merci quand même pour vos avis inutiles), ils-elles ont reculé et tout ça a été gardé pour plus tard effacé.


Concernant les personnes soupçonnées maintenant.

Le 15 janvier 2019, la cour de cassation (y’a pas plus haut niveau justice en France) a récemment rendu un arrêt qui « casse et annule » (3) une décision de la cour d’appel de Rennes (datant du 8 novembre 2017 – on est preneur d’info si vous connaissez le camarade). Celle-ci avait relaxé des faits de refus de prélèvement ADN avec comme argument principal la jurisprudence de la CEDH.

Tenez-vous bien. La cour de cassation considère que le refus de prélèvement biologique a été fait avant la condamnation et donc le monsieur aurait pu demander son effacement, comme expliqué plus haut, BAH OUI évidemment :

« Elle a en effet jugé que le refus de prélèvement a été opposé par une personne qui n’était pas condamnée, mais à l’encontre de laquelle il existait des indices graves ou concordants rendant vraisemblable qu’elle ait commis l’une des infractions mentionnées à l’article 706-55, de sorte qu’elle bénéficiait alors « la possibilité concrète », en cas d’enregistrement de son empreinte génétique au fichier, d’en demander l’effacement. »

Petite anecdote au passage : dans le cerfa n°12411*02 qui permet de demander l’effacement de sa fiche FNAEG, il est écrit : « Cette demande ne peut être présentée tant que l’affaire vous concernant est en cours. ».  Du coup, la cour de cassation ignore totalement l’arrêt de la CEDH et considère qu’il y a eu respect de la vie privée et renvoie l’affaire en cour d’appel d’Angers (la cour de cassation ne juge pas, mais regarde si la loi a bien été appliquée en gros). Mais pardon ? Oui oui les juges lisent bien à l’envers. Bah oui mais tu comprends, si t’es sûr que t’as rien fait, laisse toi ficher, puis tu demanderas ton effacement après. Ils-elles n’ont toujours pas compris qu’on était contre le fichage TOUT DE SUITE TOUT LE TEMPS. Ils-elles n’ont pas compris qu’on ne veut pas cracher – à part dans leurs sales gueules. Mais bon, la décision de la cour de cassation ne semble pas tenir la route (même le site de Dalloz parle de décision « déconcertante »), l’affaire du camarade mérite d’être défendue et soutenue afin de pas laisser passer ce genre de jurisprudence de mort (en effet, la cour d’appel n’est pas obligée de suivre l’arrêt, même si c’est chaud pour un juge de contré les juges de la cour de cassation). Surtout que le tribunal d’Angers vient de rendre une grosse décision de relaxe dans un procès de faucheurs volontaires d’OGM.

La nouvelle loi modifie à peine le sort des fiches des mis-es en causes, relaxé-es et des soupçonné-es : ça sera le proc qui va effacer lui-même ta fiche FNAEG (on y croit ahah) ou ça sera à toi de lui demander, et s’il ne veut pas, il faudra faire un recours devant le président de la chambre de l’instruction. Et s’il ne veut pas ? Ce n’est pas écrit ça par contre, l’article de loi s’arrête là. Suspense.

En vrai, la cour de cassation se rapproche de la nouvelle loi et offre une belle jurisprudence pour contrer toute demande de relaxe sur un refus de prélèvement biologique. La décision sera certainement utilisée contre les personnes condamnées, car ces dernières auront également le droit de faire effacer leur fiche… Vous voyez le cheminement ?


Tout est beau et simple dans leur monde.

Le mouvement insurrectionnel qui remplit les geôles des comicos depuis deux mois remplit également le FNAEG par centaines tous les samedis. On va avoir très rapidement peu de moyens juridiques de résister face à des procès pour refus de prélèvement biologique, c’est pourquoi il est important d’être les plus nombreu-ses possible à le refuser aujourd’hui et demain, à diffuser la pratique hors de nos milieux et à s’organiser en cas de procès.

Car on le sait, avant la jurisprudence de la CEDH de 2017, les seules personnes qui été relaxées dans ce genre d’affaire étaient surtout des faucheurs d’OGM, des blanc-hes, des personnes défendues par des super avocat-es, des personnes avec beaucoup de soutien derrière. Même si tout ça va souvent ensemble, l’inverse est plus craignos, les personnes seules, pauvres, racisées, avec un casier judiciaire sont plus souvent dans la merde, d’où l’intérêt de mener cette lutte au quotidien, d’apporter des réponses et du soutien.


Des rapports à l’assemblée nationale qui préconisent les interconnexions entre fichiers (qui sont interdites pour la plupart), la nouvelle fiche du FPR (Fichiers des Personnes Recherchées) Interdiction de Manifester qui est en discussion, le lobby des flics qui tourne à plein régime… L’Etat s’organise, il avance petit à petit, mais surement, il place ses pions, et accentue sa surveillance, sa répression, son fichage, comme il a toujours fait. Il a des armes pour faire tout ça, il ne va pas s’en priver.

A nous de le désarmer.

 

L’équipe de resistancefichageadn.noblogs.org

PS : On est preneur de toute info, de précisions, d’analyses, de demande de soutien, de toutes décisions de justice, de noms d’avocat-es, histoire de faire partager à tout le monde ! Le mail c’est celui-là : resistancefichageadn@autistici.org

Une nouvelle copaine en prison – BureBureBure

— Un autre gros procès avait lieu un jour ou deux avant (compte rendu ici dans un article de libe). Rendu le 26 février.

Courage à la/le camarade qui va passer trois mois au trou…

L’acharnement est toujours en cours à Bure !

 

Une nouvelle copaine en prison

Une personne s’est faite interpeller le 3 février et est passée le lendemain, ce lundi, en comparution immédiate. Elle n’a pas donné son identité en garde à vue. Elle a pris 3 mois de prison ferme avec mandat de dépôt (elle est envoyée directement en taule, à Nancy-Maxéville), peine que demandait le procureur.

Les chefs d’inculpations étaient refus de signalétique ainsi que « outrage en réunion » (pour une affaire datant d’il y a une dizaine de jours), c’est-à-dire tapoter sur une voiture de gendarmerie alors qu’il y a des gens autour. Les  gendarmes eux mêmes ont pensé intéressant de préciser qu’ils « ne se sont pas sentis particulièrement outragés ». Lors d’un des contrôles quotidiens la personne se serait « assise sur un véhicule de gendarmerie en donnant un coup de poing sans l’avoir endommagé. »

La partie civile, en l’espèce la voiture, n’est pas venue au procès. Une pétition circule pour adapter les accès du tribunal afin de ne pas discriminer les victimes des sauvages anti-Bure.

Le procureur habituel Olivier Glady ainsi que ses juges associés – Drean Rivette, Kevin Lefur (et une 3ème avec des lunettes rouges), menaient la scène de théatre. Le procès a commencé avec le procureur qui a pris le rôle de greffier en demandant à tout le monde de se lever pour l’arrivée des juges.

Le public de la scène n’ayant pas obéit, il a suggéré à la juge de bien vouloir évacuer la salle, les flics sont venus faire le nettoyage. Les acteurs ont tout de même joué leur spectacle sans les spectateurices.

https://bureburebure.info/une-nouvelle-copaine-en-prison/

Un couteau ? Quel couteau ? « C’était un peigne pour défriser les cheveux ! » – L’obs

— Quand t’es seul, avec un avocat de perm, un peu paumé (mais bon qui est pas paumé quand t’attends dans la longue file d’attente à Pole Emploi?) et que t’as déjà un casier, c’est difficile d’être relaxé pour le refus de prélèvement ADN… Deux mois ferme c’est beaucoup quand même.

UN JOUR AU PALAIS. Toutes les semaines, « l’Obs » s’assied sur le banc d’une salle d’audience. N’importe où en France. N’importe quel jour. Et peu importe la nature des crimes et délits.

Où ?  Au Tribunal de Grande Instance de Paris.

Quoi ? La 23e chambre correctionnelle, chargée des comparutions immédiates.

Quand ? 16 janvier 2019.

On dirait qu’Alexandre L. n’en a rien à faire (pour rester poli) de se retrouver face à la justice. Vague sosie de Joey Starr, l’homme de 38 ans, originaire de Guadeloupe, est au bord du fou rire quand la cour lui rappelle ce qui l’a conduit, ce mercredi de janvier 2019, devant la 23e chambre du Tribunal de Grande Instance de Paris. Est-il en mesure de comprendre la gravité de sa situation ? Oui, a tranché l’enquête de personnalité qui n’a décelé chez lui aucune pathologie psychiatrique, aucune altération du discernement.

Début décembre, il a sorti un couteau et proféré des menaces de mort dans une agence Pôle emploi du 19e arrondissement parisien. Deux policiers, qui ont eu le plus grand mal du monde à le maîtriser, se sont également portés partie civile. On lui reproche aussi d’avoir refusé de donner ses empreintes après son interpellation.

« Ah mais moi j’aurais bien aimé participer… »

Pas de troubles psy et aucun antécédent judiciaire. Enfin presque. Après vérifications, on apprend qu’Alexandre L. avait été condamné fin novembre à quelques mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve, mais l’inscription n’a pas encore été faite à son casier. Le tout s’était déroulé quelques jours seulement avant l’incident à Pôle emploi.

« Les policiers ont trouvé des plans de cannabis chez moi… Je leur ai donné mes empreintes, c’est pour cela que j’ai refusé de le refaire une semaine plus tard au Pôle emploi. Ils les avaient déjà ! En plus, j’avais une blessure au pouce… », dit-il, toujours très nonchalant. Le président de la cour est piqué au vif. Ce magistrat expérimenté, arrivé avec une canne − et déjà croisé par « l’Obs » ici ou  −, engage avec le prévenu un débat sur le cannabis (bien loin du dossier du jour, il faut l’avouer) :

« Vous parlez d’un usage thérapeutique du cannabis, c’est bien ça ? Attention, si c’est accepté, cela ne se fera pas dans votre chambre, avec des petites plantations et une lampe halogène, monsieur !

– J’ai une maladie de la peau. Cela [le cannabis] me fait du bien.

–  Oui et bien cela sera avec un pharmacien !

– Ah, mais moi j’aurais bien aimé participer…

– Ecrivez à votre député pour changer la loi ! »

Qui va à la chasse, perd sa place ?

Fin de la mise au point législative, reprise de l’examen du dossier. Alexandre L. est jugé pour une histoire digne d’une cour de récré. Alors qu’il attendait son tour dans la file d’attente de l’agence de Pôle emploi, il est accusé d’avoir sorti une arme pour garder sa place.

« Tu veux que je te saigne ? Je vais te planter ! »C’est ce qu’il aurait lancé au doubleur, en lui plaçant un couteau au niveau du ventre.

Le doubleur en question, la soixantaine, a eu la « peur de sa vie », selon son avocate. D’ailleurs, il ne cherchait pas à piquer la place de son voisin, mais seulement à la récupérer après s’être assis quelques mètres plus loin en raison de sa « lombalgie ». La pagaille a été totale dans la petite agence de la rue Armand-Carrel, située à deux pas du parc des Buttes-Chaumont. Dans la bousculade, les policiers appelés à la rescousse ont reçu des coups de coude. Alexandre L. aurait même tenté de saisir un second couteau dans sa sacoche pour se faire justice. « Il était vraiment très agité, on a eu du mal à le mettre au sol pour le maîtriser », résume un des agents, appelé à la barre pour témoigner.

Dans son coin, le prévenu continue de se bidonner. Un couteau ? Quel couteau ? « C’était un peigne pour défriser les cheveux ! », lance-t-il. Alexandre L. détaille :

« Les femmes connaissent ce type de peigne. Il y a une partie classique pour se coiffer et de l’autre côté, un manche assez long et pointu. »Toujours aussi goguenard, il assure n’avoir menacé personne, c’était une simple « plaisanterie », une blague qu’il « adore faire ». Sous le regard consterné de la cour, il mime la scène, hilare :

« Je l’ai vu en train de me doubler, alors je lui ai dit : ‘Tu veux un coup de peigne ?’ Ensuite je me suis retourné vers la file d’attente en répétant : ‘Est-ce que quelqu’un veut un coup de peigne ?’ Personne n’a répondu alors j’ai fait ma blague en disant : ‘Bon ben moi j’ai bien besoin d’un petit coup de peigne.’ J’ai enlevé ma casquette et je me suis coiffé… »Le président de la cour, désespéré :

« Effectivement, c’est clownesque… »

« Il avait aussi une fourchette sur lui »

Alexandre L. continue ses provocations et explique vouloir se lancer dans une carrière de juriste : « Cela m’a ouvert de nouveaux horizons. J’aimerais bien travailler dans le social, pourquoi pas avocat ? La case prison m’a donné envie. » Nouvel éclat de rire :

« Ben oui quoi, c’est drôle cette situation. Je trouve ça marrant. »Son conseil roule des yeux derrière d’immenses lunettes rondes. La jeune avocate est de « permanence ». Sa journée s’annonce longue, elle a la charge de tous les dossiers qui seront traités par la 23e chambre ce mercredi, et en l’espèce, Alexandre L. ne fait rien pour l’aider à obtenir la clémence de la cour. Sans grandes convictions, elle tente toutefois une dernière manœuvre, audacieuse : non seulement le couteau qui a servi aux menaces était un peigne, mais la seconde lame, retrouvée dans la sacoche de son client, n’avait rien d’une arme : « C’était un couteau à bout rond, utilisé pour tartiner. » D’ailleurs, dit-elle, Alexandre L. avait aussi une « fourchette » sur lui. Peine perdue, jusqu’au dernier moment, son client chercher à jouer au plus malin :

« Tout cela est ‘rocambolesque’ […] Je veux bien reconnaître que mon attitude semble inadaptée, vu les  faits qui me sont reprochés. Mais franchement, mon comportement est tout à fait adapté aux faits réels ! »La décision tombe, conforme aux réquisitions de la procureure : quatre mois ferme pour les menaces de mort avec arme et la rébellion, deux mois ferme pour le refus de se soumettre aux prélèvements ADN. Et quelques centaines d’euros pour le « doubleur » et les deux policiers chahutés.

Pas de quoi impressionner Alexandre L. :

« On s’en sort bien ! Merci et bonne journée ! »Lucas Burel

https://www.nouvelobs.com/justice/20190117.OBS8660/un-couteau-quel-couteau-c-etait-un-peigne-pour-defriser-les-cheveux.html