—– Soutien
Depuis octobre 2015 et leur interpellation après avoir recouvert de tags un mur sur le port de Lorient (Morbihan), deux Finistériens refusent de délivrer leur ADN aux forces de l’ordre. Ils sont jugés ce jeudi 20 septembre 2018 devant le tribunal de Quimper. Un rassemblement en leur soutien est prévu devant le palais de justice.
« Refus, par une personne déclarée coupable d’un délit entraînant l’inscription au Fnaeg (Fichier national automatisé des empreintes génétiques), de se soumettre au prélèvement biologique destiné à l’identification de son empreinte génétique » : c’est pour ces faits que deux Finistériens, originaires de la région de Quimperlé, seront jugés ce jeudi 20 septembre par le tribunal de Quimper.
Des tags sur un mur du port de Lorient
En des termes plus abordables, les deux hommes sont poursuivis pour avoir refusé le prélèvement de leur ADN. Ils avaient été interpellés à Lorient (Morbihan), au port de Kergroise, pour avoir couvert un mur de tags contre le soja OGM.
« Nous voulions dénoncer la dangerosité des OGM. Le port de commerce de Lorient est une des entrées principales du soja transgénique en France. Environ 550 000 tonnes, importées du Brésil et d’Argentine, y sont stockées chaque année. Et ce soja est destiné à nourrir les animaux des élevages bretons », expose l’un des deux Finistériens.
Un rassemblement de soutien devant le palais de justice
Fin mai, tous deux avaient déjà fait face au tribunal de Quimper, dans le cadre d’une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité, aussi appelée plaider-coupable. Le procureur de la République leur avait alors proposé des peines de deux mois de prison avec sursis, six mois de stage de citoyenneté et 200 € d’amende chacun. Peines qu’ils avaient refusé. C’est ce qui explique le retour de leurs dossiers devant le tribunal correctionnel, ce jeudi.
En amont de l’audience de ce jeudi après-midi, les Faucheurs volontaires appellent à un rassemblement de soutien devant le palais de justice de Quimper, vers 13 h 30.
Tribunal. Faucheurs volontaires : ils refusent d’être fichés — LE TELEGRAMME
Jugés pour avoir refusé des prélèvements ADN suite à une condamnation pour des tags au port de Lorient, deux anti-OGM ont connu ce jeudi des fortunes diverses. C’est désormais une habitude, dès que l’un d’eux est poursuivi devant une juridiction, ceux que l’on appelle les faucheurs volontaires et qui luttent contre les OGM et le glyphosate organisent un piquet de soutien devant les grilles du tribunal. Piquet plus coloré que d’habitude ce jeudi puisque les deux convoqués du jour arboraient des visages peinturlurés.
« Allez vous démaquiller ! »
Un peu pour le plus jeune, beaucoup pour le plus âgé. Une figure recouverte de rouge et noir qui n’a guère plu à la présidente Marie-Anne Kerisit. « Allez-vous démaquiller ! » A-t-elle tonné alors que ce dernier s’approchait de la barre. « Le tribunal n’est pas un théâtre avec une mise en scène. Votre figure n’est pas reconnaissable ».
De retour avec un visage tout propre, le prévenu n’aura même pas le temps d’expliquer sa démarche. Une erreur de date dans la procédure a entraîné de facto un report de son procès en janvier.
C’est donc à son collègue qu’est revenue la tâche de justifier leur refus de ce prélèvement ADN en octobre dernier à la gendarmerie de Quimperlé, suite à une condamnation à 300 € d’amende en mai pour des tags commis sur le port de Lorient. Actions survenues dans le cadre d’une opération anti-OGM.
Les deux prévenus auraient pu éviter ce procès en acceptant la proposition de reconnaissance de culpabilité et les 200 € d’amende. Mais le but n’était pas là. « Les conséquences ont peu d’importance, a assuré le prévenu, 30 ans et demeurant à Arzano. Nous sommes là pour mettre en avant la dangerosité des pesticides et les dégâts sur la santé et l’agriculture qu’ils provoquent ».
300 € d’amende requis
Le jeune homme a justifié le côté illégal de leurs actions, se définissant comme un lanceur d’alerte. « Il y a une différence entre ceux qui commettent des délits et ceux qui se battent pour la population. Il y a des choses à faire. Il faut parfois aller au-delà de la limite de la loi pour faire avancer notre action ».
Le parquet a requis une amende de 300 €. Le délibéré sera rendu le 4 octobre prochain.