De gros moyens policiers ont été déployés depuis la fin de matinée aux abords du tribunal de Guéret.
Michel Lulek, figure militante et intellectuelle du plateau de Millevaches, était convoqué au tribunal de Guéret à 15 heures.
On lui reproche d’avoir commis des violences sur une gendarme, lors d’une manifestation de soutien à un migrant soudanais le 9 juillet à Felletin.
Photo d’archives Téle Millevaches: manifestation contre l’expulsion de Noordeen jeune demandeur d’asile venu du Soudan devant la gendarmerie de Felletin le 9 juillet
La décision concernant Michel Lulek sera rendue par le tribunal de Guéret le 15 novembre. Le procureur a requis deux mois avec sursis et 400 euros d’amende.
Tribunal Michel Lulek affaire Felletin
Tribunal Michel Lulek affaire Felletin
Compte-rendu d’audience
Le 9 juillet dernier, lors d’un rassemblement devant la gendarmerie de Felletin pour empêcher l’expulsion d’un jeune Soudanais hébergé depuis huis mois à Faux-la-Montagne, Michel Lulek avait poussé avec les mains une élève gendarme qui lui demandait de reculer.
Le quinquagénaire conteste la qualification de « violence ». « Elle m’a dit de reculer. Je lui ai répondu que je ne reculerai pas. J’estime que je n’ai pas été violent. J’ai fait ce geste instinctif pour la bloquer », indique à la barre, dans une salle d’audience pleine à craquer, ce rédacteur au casier judiciaire vierge, qui vit depuis 34 ans à Faux-la-Montagne. La militaire, qui n’a pas été blessée et ne s’est pas constituée partie civile, explique avoir été poussée au niveau du thorax, avoir reculé sans toutefois être tombée.
Michel Lulek avait ensuite été interpellé, menotté et placé en garde à vue. La justice lui reproche d’avoir refusé de se soumettre aux prélèvements ADN. Il s’agit pour lui d’une position de principe. « À un moment, trop c’est trop, lance-t-il. Quand on a un avis sur la manière dont les gens sont contrôlés et fichés dans notre société, il y a des moments où il faut dire qu’on n’est pas d’accord avec ça. Je ne suis pas excessif. J’ai accepté d’être pris en photo, j’ai accepté les empreintes, mais l’ADN non. »
Estimant que le fait de pousser un gendarme « avec les paumes de mains ouvertes » est un acte de violence, le procureur a requis deux mois de prison avec sursis et 400 € d’amende pour le refus de prélèvement ADN.
L’avocat du prévenu, Me Raphaël Kempf, venu de Paris, a tenu à replacer les événements dans leur contexte : « La décision de madame la préfète de transférer ce jeune Soudanais vers l’Italie, au risque d’être expulsé vers le Soudan, où il a de grandes chances d’être torturé voire exécuté, cette décision était illégale. Ça a été reconnu par le tribunal administratif de Limoges. Les cent personnes réunies devant la gendarmerie manifestaient pour faire échec à une décision qu’ils considéraient comme illégitime et qui est illégale. » L’avocat a demandé la relaxe.
. Au cours de l’après-midi devant le tribunal.
La préfète de la Creuse cible de la colère des soutiens de Michel Lulek et des migrants
Environ 200 personnes ont manifesté place Bonnyaud, dans une ambiance bon enfant, en soutien au prévenu.
Pique-nique, puis vers 17 heures : « pot de départ de la préfète » accompagné de chants d’adieu irrévérencieux : le comité anti-expulsions de la Montagne limousine avait prévu de faire de cette comparution de Michel Lulek , une tribune contre la politique migratoire, nationale et creusoise.
Après que Michel Lulek est sorti du tribunal, Marc Bourgeois a pris la parole place Bonnyaud. L’hôte et premier défenseur des deux jeunes Soudanais de Faux-la-Montagne que la préfecture de la Creuse a tenté d’expulser s’est lancé dans une violente diatribe.
Tribunal Michel Lulek affaire Felletin : Prise de parole de Marc Bourgeois, défenseur des migrants.
Marc Bourgeois est un citoyen en colère qui a lourdement mis en cause la responsabilité « personnelle » de la préfète de la Creuse et celle de son secrétaire général dans les « traitements inhumains et dégradants » infligés aux migrants. Des effigies du président Macron et de la préfète de la Creuse ont ensuite été promenées en centre-ville, dans un avion en papier mâché baptisé « Air OQTF ». Un cortège de deux cents personnes a participé à ce charivari.
la manifestation s’est poursuivie en fin d’après-midi dans le centre-ville
Reportage: Catherine Perrot, Bruno Barlier, Julien Rapegno